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Nouvelles

Limite

Extrait : La nuit étend une fois de plus son ombre sur les plaines qui bordent la ville. La cité, quant à elle, est éclairée par les lumières des lampadaires. Ce spectacle ne m'est pas inconnu. Il ne m'est pas désagréable non plus. Au contraire même. Je lui trouve une certaine poésie, une beauté, tout en nuance. Mais pas ce soir. Les nuages noirs qui s'amoncellent au loin n'en sont pas la raison. Pas plus que le vent qui se lève. Cette nuit verra un tournant majeur dans les luttes de pouvoir qui agitent cette cité. Tous les criminels sont de sortie, petites frappes comme grand mafieux. Les ruelles résonnent du cliquetis de leurs armes, du sifflement de leurs lames. Ils s'apprêtent à mettre le feu aux poudres, une fois de plus. Mais ce soir, quelque chose a changé... Elle pose un pied sur le toit et s'avance vers moi, agile et gracieuse, silencieuse et mortelle. Mais je l'entend toujours... Sa jambe gauche est légèrement plus courte que la droite. C'est infime. Cela se remarque à peine. Le bruit est inaudible, pour qui l'ignore. Mais pas pour moi. Je me retourne vers elle et mon regard s'attarde sur son visage que j'ai tant de fois caressé, tant de fois embrassé. Et je vois la haine qui brûle au fond de ses yeux.

Le choix

Extrait : La colline surplombait autant le village que la région, dévoilant toute sa richesse et sa beauté aux yeux du jeune chef. Pourtant, ce jour-là, nulle joie n’habitait son cœur, nul espoir. Seulement une implacable lassitude qui ne cessait de peser sur ses épaules depuis que la nouvelle lui était parvenue, moins de deux semaines auparavant. Elle avait été apportée par un envoyé des mystiques. Au premier coup d’œil, Almar l’avait tout de suite haï. Son comportement, sa manière de s’exprimer, n’avaient fait que confirmer le ressenti du jeune chef. Il n’était pas rare que les mystiques envoient des messagers informer les clans de réunions, partager les connaissances ou faire connaître la parole des Primordiaux. Ceux-ci étaient toujours bien accueillis, peu importait le clan, car tel était l’usage, la tradition. Et Almar veillait à la suivre, tant par respect que par bienveillance. Mais cet individu là n’y avait pas eu droit. Almar lui avait refusé la nuit, refusé le couvert. Tout au plus lui avait-il offert une outre d’eau et une nouvelle monture pour lui permettre de repartir sans plus attendre. Cet acte l’avait mis en froid avec les mystiques. Mais il avait déjà perdu leurs faveurs avant cet événement, en refusant de s'en prendre au village Miarle qui se trouvait à quelque heures de marche du sien. Cet acte de défi avait jeté l'opprobre sur son nom, sur son clan. Il en était presque devenu un paria. Et son refus n'avait sauvé la vie de ces gens que pour quelques jours, tout au plus... La fumée avait envahi le ciel, annonçant le funeste destin des Miarles.
J'aurai pu les prévenir...
Mais il n'en avait rien fait. Pour protéger son clan... Autrefois, il n'aurait pas craint pour leur sécurité... Les temps changeaient.

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La Traque

Extrait : Mes yeux observent l'horizon sans le voir tandis que le soleil disparaît progressivement, laissant place aux ténèbres insondables de la nuit. Les étoiles illuminent la voûte céleste et la lune jaune se lève avec paresse. L'air frais de la nuit fait remonter de nombreuses odeurs à mes narines et me fait froncer le nez de dégoût. ça pue. De la rivière me vient la puanteur fétide de la vase et des cadavres qui s'y décomposent. Mais la cité qui se trouve à quelques kilomètres au nord n'est pas en reste. Les bûchers grondent et libèrent une fumée âcre, emportant avec elle l'odeur de la chair brûlée et du sang. De la chair humaine. Les torches s'allument progressivement, illuminant la ville. L'heure arrive et je sens mon cœur battre plus vite. Mes yeux glissent sur mon journal et je le relis calmement, comptant les minutes qui me séparent de mon départ. Ceci n'est qu'un court extrait de ma vie, qu'un condensé de quelques mois... Pourtant, le relire me fait du bien. Et parmi tous les mots que j'ai couchés sur le papier, c'est toujours le même que je vois en premier. Rose. Ma Rose...

Égarement

Extrait :

La jeune femme tomba à genoux, haletante, le corps secoué de violents tremblements. Quelque chose se posa sur son épaule et elle releva la tête, son regard azur croisant celui, gris et froid, de son ennemi. La lame de ce dernier léchait son cou. Un frémissement traversa la lèvre supérieure de la jeune femme mais elle demeura droite et fière et lança un regard de défi à son bourreau. Un sourire vide de toute émotion se dessina sur les lèvres de ce dernier. Sa lame fendit l'air, décrivant un arc de cercle. La tête de la Barn glissa hors de ses épaules pour rouler sur le sol.

Je m'éveille en sursaut, tremblante. Mon corps est en sueur, mais c'est le froid qui règne en moi, dans mes os et mes muscles. Mes yeux balayent les environs proches, instinctivement. Je ne réalise pas encore ce qui m'est arrivé. Il n'y a quasiment aucune lumière, rien de familier. Ma main se pose sur une surface dure et granuleuse. En fouillant à tâtons, je m'écorche la main. La douleur est le meilleur des catalyseurs et me donne la force de me concentrer. Mes yeux s'habituent petit à petit à la faible luminosité et je devine que je suis sous un éboulis. J'ignore comment je suis arrivée là, même si les suppositions ne manquent pas. J'ai le choix.

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Au-delà

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Extrait :

J'avance comme je peux, au milieu des gravats de cette station, à l'image de ce qu'il reste de ma vie brisée. Le sang s'écoule de mes blessures, roule sur ma peau, laissant derrière moi une traînée rouge, une piste à suivre. Il est là, tout proche. Haletante, je m'efforce de poursuivre mon chemin, de ne pas m'arrêter. Mais la fatigue prend le pas sur moi à chaque seconde. Bientôt, tout sera fini... Viens, suis-moi. Nous allons y mettre un terme. C'est par ma faute que tout ceci est arrivé. Et c'est moi qui y mettrai un terme, quoi qu'il m'en coûte. Ilyana. Tu devras poursuivre seule.

Quelque chose libère un crachat d'étincelles devant moi. Le bruit me prend par surprise et m'arrache un cri. Je me déplace sur le côté pour éviter les projections, me protégeant le visage de mes mains et manque m'écrouler au sol. Je me retiens au mur, pliée en deux. Sous mon corps, je vois un cadavre, dont les yeux sans vie sont fixés dans les miens. Une pièce de métal jaillit du sol et transperce le pauvre homme. Si j'étais tombée moi aussi, j'aurais subi le même sort. Je rassemble mes maigres forces et me propulse en arrière pour me relever avant de me remettre en route. La salle de commande n'est pas loin. Encore un petit effort... J'ai la tête qui tourne, je sens mes jambes faiblir. Il serait si simple... Si simple... Je me rattrape à la porte au dernier moment, concentre les dernières bribes de ma volonté pour ne pas sombrer. J'ai perdu beaucoup de sang... Trop...  Je rentre dans la pièce. Un bruit dans mon dos m'informe qu'il arrive et qu'il est furieux. Je verrouille la porte derrière moi. Je sais que ça ne le retiendra pas longtemps. Mais ce n'est pas le but recherché. Je parviens, au prix d'un gros effort, à atteindre le fauteuil qui se trouve au centre de la pièce. Je dois déclencher les mesures d'urgence.

Héritage, partie 1

Extrait :

Un seul instant, une seule seconde, peuvent s'avérer décisifs, et changer irrémédiablement notre vie. C'est dans ces moments-là que nous prenons conscience de notre faiblesse, du fait que nous ne contrôlons rien. Peu importent nos choix, peu importe le pouvoir que nous avons... ou croyons avoir... nous demeurons soumis aux aléas de la vie, à ses lois, mais également aux conséquences des choix de ceux qui nous entourent. C'est là que nous prenons conscience de cette force implacable qui peut tout changer sans que nous n'y puissions rien. C'est à ce moment là que notre mortalité nous revient en pleine face. Alors que le fracas métallique des armes résonne tout autour de moi, je reste paralysée par l'hésitation, mon regard se perdant au milieu des différentes couleurs qui dansent devant moi. Elles accélèrent et ralentissent, tourbillonnent et se mélangent sans jamais perdre leur substance, enfermées au sein d'une sphère miroitante.

- Séréna ! (Hurle une voix pressante.)

Je jette un regard paniqué dans mon dos. Ils meurent... Par dizaines pour nous offrir cette chance... Pour me l'offrir. Je n'ose imaginer si quelqu'un s'emparait de cette chose. Si quelqu'un en venait à vouloir l'utiliser... Que dois-je faire ? Un instant, j'ai cru que ce serait facile. Qu'arriver ici, devant cet objet, me donnerait la réponse. Rien n'est jamais aussi simple.

Héritage, partie 2

Extrait :

Mal de crâne. Foudroyant... Je me prends la tête entre les mains, en revenant péniblement à moi. Un gémissement s'échappe de mes lèvres. J'ai le cerveau en compote... Je me redresse lentement, maladroitement. J'ai mal... Mon regard parcourt les environs et il me faut de longues secondes pour réaliser, puis pour comprendre ce que je vois. Un champ de ruine. Des décombres qui m'entourent, qui m'enferment. Comme si le plafond s'était écroulé sur moi. De la poussière vole paresseusement devant moi, illuminée par un rayon de soleil. Je lève les yeux vers le ciel et le contemple longuement d'un air béat. Je me laisse aller, m'allongeant sur le dos pour profiter d'un instant de pure contemplation. J'en viendrais presque à oublier la migraine. Presque. En cet instant, je me sens... Bien. Apaisée. Mais ça ne dure pas. J'ai la gorge sèche, c'est horrible. Une question vient perturber ma tranquillité relative. Que s'est-il passé ? Je ne devrais pas voir le ciel... J'étais... Dans le palais de Damian, perdue au milieu de ses dédales. Il y avait un plafond au dessus de ma tête...

Rêvalité

Extrait :

Lyle prit une profonde inspiration, les poings serrés. Face à lui s'étendait un champ de ruines et de morts. Le jeune garçon aurait pu être effrayé. Il aurait dû être effrayé. Mais il y avait bien longtemps qu'il avait appris à ne plus s'émouvoir de ce genre de chose, tout comme du samouraï qui s'avançait vers lui, l'arme au poing et l'air menaçant. Il avait fini par comprendre comment les choses fonctionnaient, comme survivre à tout ça. Il leva son propre sabre et para un coup descendant. Les deux combattants échangèrent quelques passes pour se sonder. Puis, Lyle feinta avant de transpercer son ennemi qui tomba à genoux. Il n'y avait pas de sang, pas de douleur dans le regard de son adversaire. Celui-ci releva la tête avant de s'évaporer.

Héritage, partie 3

Extrait :

La mort. Elle est partout, s'étendant sur le monde à mesure que les heures s'écoulent. Par ma faute. Parce que j'ai réveillé un mal ancestral. Parce que j'ai cru que j'étais supérieure aux humains. Plus intelligente. Plus maligne... Meilleure. Et désormais, nous sommes tous condamnés, par ma faute. A moins que je ne trouve une solution pour endiguer le mal que j'ai causé. Mais quel espoir ai-je ?

La mort... Mon peuple ignorait ce que c'était, contrairement aux Ba'arns, dont l'existence était courte comparée à la nôtre. Pourtant, elle ne fait que me suivre, s'accrocher à chacun de mes pas. Chaque être que j'ai aimé a fini par mourir, par m'abandonner... Et moi, j'ai survécu, même si les dernières semaines ont été éprouvantes. Mais il semblerait que j'arrive à la fin de mon parcours... Mon regard se pose sur Neran alors qu'elle gravit les marches de la carriole. Elle est restée silencieuse durant la descente, s'est refermée depuis qu'elle sait ce que je suis...

Héritage, partie 4

Extrait :

Sa voix résonne derrière moi tandis qu'elle s'approche d'un pas décidé. Je n'esquisse pas un mouvement pour me retourner et plante mon bâton dans le sol en chargeant la magie qui alimentera mon sort de téléportation.

- Il est à moi, désormais. (Dis-je simplement, avant même qu'elle n'ouvre la bouche.)

- Je ne suis pas venue vous le disputer. Quelle chance aurai-je face à vous ? Face à lui ? Peut-être s'il était tombé dans mon piège... Mais qu'importe.

- Alors que voulez-vous ?

- Vous l'ignorez vraiment ?

Je me détourne, posant mon regard incandescent sur elle et la sens se tendre imperceptiblement.

- Je pourrais fouiller votre esprit. Mais vous allez me le dire, non ?

Elle s'humecte les lèvres, prend son temps pour choisir ses mots.

- Qu'allez-vous faire une fois que vous l'aurez battu ?

Je hausse un sourcil en la dévisageant.

- Qu'entendez-vous par là ?

- Bel'carem veut le pouvoir des orbes pour façonner le monde à son image. Avec tout ce pouvoir, que ferez-vous ?

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