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Photo du rédacteurGautier Florian

Extrait 2 : Héritage.


Bon, eh bien, on va reposter un petit extrait ! Et non, ceci n'est pas une blague du premier avril. ça aurait pu... Mais au final, comme il y a des blagues, des fausses annonces etc, dans tous les sens, je me suis dit... Que le mieux était de ne rien faire et de considérer ce jour comme un autre. (Surtout qu'une blague m'aurait demandé de la réflexion, z'êtes pas un peu fou dans vos têtes làààà ?!!)

Bref. Nouvel Extrait d'Héritage, ma prochaine nouvelle... Ou un recueil à elle seule car elle sera en épisode ? Je ne sais pas encore. Toujours est-il que j'en suis à la page 28 et qu'on approche de la fin de cette première partie !

J'espère que ça vous plaira.

Si vous voulez m'aider, il y a deux façons ! Partager et commenter. (Sans oublier d'acheter les nouvelles, mais ça... :p) Ne minimisez pas les commentaires que vous faites, ils donnent de la vie au blog ou aux réseaux sociaux, ce qui offre une fenêtre plus agréable. Et le partage, c'est également le meilleur moyen de faire connaître mon travail et de m'aider à poursuivre :)

Sur ce, je vous abandonne à ma prose (Hm... Beh quoi ?) et je vous souhaite une bonne lecture :)


 

Bruit... M'énerve... Je bouge vaguement la tête. Veux dormir...

Ding, dong. Comment ça, ding dong ?... Sommeil... Mon esprit se réveille peu à peu... Nan, veux pas... Dormir... Dormir... Trop tard... Je laisse échapper un geignement en ouvrant les yeux. J'ai l'impression que quelqu'un joue du marteau dans mon crâne...

Ding, dong. Encore ce bruit insupportable, agressif ! Des cloches. Elles sonnent et intensifient mon mal de crâne. Mes yeux se posent sur Karln, qui s'agenouille devant moi, avec un sourire rassuré.

- Vous êtes réveillée, enfin. (Dit-il.)

Du moins, je le suppose. La cloche est tellement bruyante que j'entends à peine ce qu'il me dit. Maladroitement, je porte une main à mon front, grimaçant à chaque tintement métallique.

- ... suis-je ? (Marmonné-je avec difficulté.)

Il me regarde en se pinçant les lèvres, l'air soucieux. Oui, moi aussi j'ai remarqué qu'il manquait un mot. Je suis encore à moitié sonnée. Je tente de me relever et mon corps n'apprécie pas, envoyant des vagues de douleur à travers mes os et mes muscles. Courbatures, génial... Et ça me tire dans le dos, encore...

- Doucement. Vous avez beaucoup forcé, Séréna.

- Où on est ? (Dis-je en me rallongeant.)

- Sous le clocher de la cathédrale. Les créatures n'aiment pas le son des cloches manifestement.

- Au moins une bonne nouvelle.

- Et si vous en voulez une autre, le Roi Damian est ici.

Je dévisage Karln avec une moue moqueuse.

- Ah, parce que c'est une bonne nouvelle, ça ?

Il me regarde d'un air sévère et je m'apprête à répondre quand quelqu'un d'autre prend la parole.

- Je vous croyais plus amicale.

Je me tortille pour lancer un regard derrière moi. Damian est là, me regardant d'un air las, des énormes cernes sous les yeux. Il est pâle. Affreusement pâle, et vautré contre un pilier. Je tends une main vers Karln, qui m'aide à me relever. Je ne peux m'empêcher de grimacer quand mon corps me rappelle à l'ordre, mais n'en tiens pas compte et m'installe à côté du Roi.

- Vous avez l'air mal en point.

- Hélas, vous êtes arrivée un peu tard, ma chère... (Marmonne-t-il.)

- Ils étaient sur lui quand l'onde magique à traversé la ville. (M'indique Karln.)

Je hoche vaguement la tête, sans quitter le Roi des yeux. Il souffre et j'ai de la peine pour lui, malgré notre inimitié.

- On peut dire... Que vous m'avez sauvé la vie. (Lâche-t-il dans un souffle.) Enfin, pour un temps.

- J'aurai aimé arriver plus tôt.

Il laisse échapper un rire qui se transforme bien vite en quinte de toux.

- Après l'assassin ? Non, bien sûr que non... Et qui pourrait vous en vouloir... (Il prend une inspiration tremblante.) Ces créatures... Qu'est-ce ?

Je secoue lentement la tête.

- Je l'ignore... Mais... Elles se nourrissent de magie.

- Nous ne sommes pas mages... C'est vous, la dernière... (Souffle-t-il.)

- C'est vrai. Mais la magie est liée à tout être vivant. Vous ne pouvez ni la ressentir, ni l'utiliser. Pourtant, elle est bien là.

Il ouvre la bouche et est pris d'une nouvelle quinte de toux.

- D'où viennent-elles ? (Dit-il enfin d'une voix faible.)

- Je... Je pense que c'est l'orbe qui les a attirées.

Il grimace.

- Vous m'aviez prévenu... Vous m'aviez dit qu'il ne fallait pas être avide de pouvoir...

- Je suis désolée.

- Non... (Fait-il en secouant mollement la tête.) Non, c'est moi... J'aurai dû... J'aurai dû écouter... Vous écouter... Vous... (Il plonge son regard dans le mien et je peux voir la peur qui l'habite, le rend tremblant.) Séréna... Séréna... Dans... dans le palais... Il...Un... au...

Il ne termine pas sa phrase. Son visage se décrispe lentement et sa tête s'incline sur le côté. Sa couronne glisse alors de sa tête pour tomber au sol. Personne ne le remarque, en dehors de Karln et de moi. Je laisse échapper un soupir en refermant ses yeux.

- Vous êtes en paix, désormais, par delà le Neraalem...

- Qu'est-ce que le Neraalem ? (S'enquiert doucement Karln, derrière moi.)

Je secoue doucement la tête.

- Une ancienne croyance de mon... village. (J'hésite un instant avant de prononcer le mot. Il ne semble pas le remarquer, ou le met sur le compte de la peine peut-être.) Le Neraalem est la frontière qui sépare cette vie de la suivante.

- La frontière ?

Je me tourne vers lui, braquant mon regard dans le sien.

- Le corps est le Neraalem. Les miens pensaient qu'à sa mort, un être se retrouve simplement séparé de son enveloppe physique et que son âme, enfin libérée de ce poids, peut atteindre un nouvel état de vie. Une ancienne croyance...

- Une vie après la mort... (Dit-il d'un air songeur.) Vous y croyez vraiment ?

Je hausse les épaules pour simple réponse et il n'insiste pas. Je m'efforce de ne pas lui lancer un regard. Non, je n'y crois pas. Car on ne peut pas croire à ce que l'on sait vrai. C'est bien là toute la différence entre croyance et savoir. Le corps est le Neraalem. La transition. Mais j'ignore si les humains ou les elfes peuvent accéder au monde suivant... Ma main se porte au médaillon que je porte en pendentif et je le caresse doucement, songeuse. Si je sais qu'un autre état existe, j'ignore tout de ce qui se passe de l'autre côté. J'ignore si mes parents... Je secoue la tête pour chasser ces pensées qui me parasitent et me recentrer sur le moment présent. Mon regard embrasse le clocher. Nous sommes si peu nombreux... J'aperçois Minia, qui panse la blessure d'un soldat. Nos regards se croisent une seconde et elle hoche la tête à mon égard avant de reprendre son travail. Elle est éreintée. Effrayée. Quelque chose se pose sur mon épaule. Mon cœur bondit dans ma poitrine tandis que je saute sur le côté avant de voir Karln, une main tendue vers moi en signe d'apaisement.

- Désolé ! (Dit-il d'un air contrit.)

- Karln ! (Pesté-je.) Vous avez failli me faire avoir une crise cardiaque !

- Désolé ! (Répète-t-il, sincère.) Ces cloches commencent à me rendre dingue. Vous n'auriez pas une idée pour nous sortir de là ?

Je le dévisage quelques secondes. Il veut savoir si je peux réutiliser l'aura annihilatrice. Je place une main devant mon visage et note les tremblements qui la secouent ponctuellement. Je suis encore faible...

- D'ici, je ne peux rien faire, sans nous tuer tous.

Il fait d'un coup d’œil rapide le tour du clocher avant de faire la moue.

- Je vois...

Il ne le dit pas, mais je sais très bien à quoi il pense. Si nous ne faisons rien, nous sommes morts. Les cloches ne sont qu'un moyen de retarder l'inévitable. Ces créatures s'amassent autour de la cathédrale, se rapprochant chaque fois un peu plus. Je peux les sentir, qui grouillent, affamées. L'effet des cloches ne sera bientôt plus suffisant pour les tenir à distance. Mon regard parcourt une fois de plus la petite pièce. Si peu nombreux... Mais je peux encore les sauver.

- Tenez-vous prêts à sortir. (Dis-je.)

Ils me regardent tous, avec un mélange d'incompréhension et d'espoir. Mais je ne quitte pas des yeux Karln, qui me dévisage d'un air hébété.

- Une fois dehors, vous foncez sans vous retourner, et vous rejoignez nos forces.

- Que comptez-vous faire ?

- Ce qu'il faut. Je suis un mets de choix. Je vais m'assurer qu'ils me veuillent.

Les survivants se sont tous levés, ou peu s'en faut, et se massent derrière moi.

- Et vous ? (Souffle mon capitaine.)

J'esquisse un sourire sans joie. Il pose la question... Mais il connaît déjà la réponse.

- Je vais les attirer vers moi. Si je peux, je vous rejoindrai ensuite.

Il secoue la tête tout en me dévisageant, refusant de me quitter des yeux. Son regard est empli de larmes, de désespoir.

- Ma Dame... (Commence-t-il avant que je ne lève la main pour le couper.) Écoutez-moi, je vous en prie...

- Nous savons tous les deux que nous n'avons plus de temps à perdre. S'ils parviennent jusqu'ici, ce qui arrivera, nous sommes tous morts.

- Vous n'êtes pas obligée de vous sacrifier ! Nous pouvons faire autrement, nous pouvons...

Je lui adresse un sourire sincère.

- Je suis la seule à pouvoir les combattre. Et je ne pourrai pas tous les arrêter.

- Je ne vous laisserai pas mourir ! Pas seule...

Je lui caresse le visage et ça le calme instantanément. Oh, Karln... Je sais ce que vous ressentez pour moi. Je suis comme votre petite sœur. A ceci près que je suis bien plus âgée que vous.

- Vous devez me laisser partir.

- Séréna...

- Priez pour que je m'en sorte. C'est la seule chose que vous puissiez faire.

Il baisse les yeux, incapable de soutenir mon regard.

- Je peux compter sur vous ?

- Toujours, Ma Dame... (Murmure-t-il.)

Je dépose un baiser sur sa joue avant de me détourner. D'un bond, je me glisse en dehors du clocher. Sa voix me retient.

- Et que devrais-je lui dire, à elle ? (Me demande-t-il.)

Je ne réponds pas immédiatement, soudainement hésitante... presque mélancolique.

- Que je suis fière d'elle. (Dis-je finalement, d'une voix en partie brisée.)

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