Bonjour, très chers lecteurs ! Aujourd'hui, je vous annonce tout simplement l'arrivée d'Héritage, partie 2 sur 4, la suite des aventures de Séréna Valnega, la dernière des mages !
Les précommandes sont ouvertes depuis ce matin et la nouvelle sortira Vendredi prochain, le 1er juillet ;)
Vous êtes impatient ? Vous n'en pouvez plus ?
Très bien, alors un dernier extrait !
Mais avant cela, pour acheter la nouvelle et être sûr de l'obtenir le jour J, suivez le lien !
C'est bon ? Alors, c'est parti, et bonne lecture :)
Synopsis :
Extrait :
Je m'éveille alors que règnent les ténèbres d'une nuit sans lune. A travers les rabats de la toile, je perçois le crépitement des flammes qui baignent le chariot dans une lueur jaunâtre. J'essaye de me redresser avant de remarquer que Neran est lovée contre moi, profondément endormie. Je reste sans bouger un long moment, observant patiemment son visage serein, illuminé d'un faible éclat orangé. Mes doigts se perdent dans ses cheveux couleur dorée et je la sens qui dodeline légèrement. Il y a bien longtemps, j'avais eu l'occasion de goûter ses lèvres... Je me souviens vaguement de la sensation, sucrée, sur les miennes. Mon doigt glisse sur sa joue puis sur sa bouche que je caresse tandis que l'envie de lui voler un nouveau baiser se fait grandissant en moi. Au prix d'un énorme effort, je la réprime et la fais doucement glisser sur le côté sans la réveiller, pour me dégager et quitter la carriole. L'air nocturne est frais et une bourrasque m'arrache un léger frisson. J'attrape une couverture posée sur une caisse proche et la passe sur mes épaules avant de rejoindre le feu de camp. Karln est là, occupé à veiller sur nous, à garder le feu allumé. Ou du moins à essayer. Il lève les yeux vers moi et m'offre un sourire avant de se lever.
- Ma Dame.
- Séréna, Karln, vous le savez bien.
- Séréna. (Répond-t-il en hochant la tête.)
- Je vais finir par vous en donner l'ordre.
- ça m'aiderait peut-être. (Me dit-il avec un clin d’œil taquin.)
Je ne relève pas et m'installe près du feu qui s'éteint progressivement. Il ramène des bûches et souffle sur les braises pour relancer.
- Laissez.
Je libère une boule de feu qui embrase les bûches. La chaleur du feu de camp me souffle rapidement au visage et je lui souris.
- Je suis plus douée.
Il secoue la tête avant de se diriger vers une marmite qu'il ouvre. Il prend un bol et le remplit de nourriture avant de me le tendre. Le bol est froid et ce qu'il contient semble à peine tiède. Je concentre la chaleur dans mes doigts pour réchauffer mon repas. Des flageolets avec du lapin bouilli.
- J'ai dormi combien de temps ?
- Plus de six heures.
- Quelle distance nous sépare encore des montagnes rouges ?
- Une quarantaine de kilomètres, environ. Nous pourrons y être demain en début de soirée, si nous partons assez tôt.
J'opine et entame mon dîner, les yeux rivés sur les flammes qui dansent et rugissent face à moi. ça n'a pas beaucoup de goût, mais pour un estomac vide, cela fait parfaitement l'affaire. Cela pourrait presque être savoureux.
- J'ai quelque chose pour vous. (Me dit Karln en se levant.)
Je l'interroge du regard mais il me fait signe d'attendre avant de quitter le feu pour rejoindre le convoi. Je poursuis mon repas mais ne peux m'empêcher de fixer l'endroit où il a disparu, intriguée. Habituellement, je n'ai aucune patience et je suis assez fière de moi de ne pas lui avoir emboîté le pas. Il revient au bout de quelques minutes avec un objet assez long, enveloppé dans de la toile qu'il dépose près de moi.
- Qu'est-ce que c'est ? (Demandé-je.)
Bravo ma fille, la question à la con par excellence. S'il l'a enveloppé, c'est bien pour que je sois obligée de le déballer. Mais quelle question débile... Je me mettrais bien des baffes tiens.
- Pour le savoir, il faut l'ouvrir. (Me répond-t-il.)
Tu l'as pas volé cette réponse tout aussi conne, ma vieille. Je dépose mon bol sur le tronc qui me sert de siège et attrape le cadeau. C'est un objet qui fait ma taille mais pas plus de deux-trois centimètres de largeur. Sauf en son extrémité. Je défais les ficelles, tout en ayant déjà une idée de ce qui se cache là dessous. J'avais raison... mais je ne peux dissimuler ma surprise et mon émoi. Oui, il s'agit bel et bien d'un bâton de mage. Mais pas n'importe lequel. C'est l'arme de ma mère, celle récupérée dans la chambre forte de Damian. En l'observant, je ne peux m'empêcher de revoir ma mère, le faisant tournoyer alors que la gemme en son sommet s'illuminait comme elle concentrait sa magie. J'ai le souvenir de l'avoir eu en main lors de l'attaque des créatures, alors que l'énergie du second orbe se répandait en moi avant de se déchaîner dans la salle. Le bâton amplifiait cette magie. Normal, c'est bien là son rôle. Mais, il semblait également produire sa propre magie... C'est confus. Mais dans tous les cas, je ne peux que lui en être reconnaissante. C'est une arme précieuse que j'admire longuement, me concentrant sur les symboles gravés le long du manche.
"Sal enom si qaldin, Naarin." Les Naarins jamais ne se soumettent. Je caresse les gravures avec mélancolie. La devise de ma famille. Mes yeux sont attirés par une autre inscription, plus récente.
"Ne tei jodibe nar codin". Les cinq forment la clé. Je fronce les sourcils. La clé... ? Je hausse les épaules intérieurement avant de dévisager mon capitaine qui me répond d'un franc sourire.
- Il était près de vous quand nous vous avons trouvée. Je vous l'ai gardé de côté. Je me suis dit que vous voudriez le récupérer, vu que vous avez oublié l'autre dans la tour.
J'ouvre la bouche, confuse avant d'esquisser un sourire, les larmes aux yeux.
- C'était... Le bâton de ma mère. (Expliqué-je.)
- De votre mère ? (Fait-il, dubitatif.) Comment l'avez-vous récupéré ?
- Damian l'avait chez lui.
- Oh... Je... Je vois...
Il n'ajoute rien de plus. Nous savons tous les deux à quoi nous en tenir, ce que cela signifie.
- Je suppose que c'est un choc pour vous et qu'il a de fait une grande importance.
J'opine. Oui, une grande importance. Il ne peut pas imaginer à quel point. Ou peut-être que si, après tout, qu'est-ce que j'en sais ? J'ignore beaucoup de choses sur mon capitaine en réalité.
- Vous ne m'avez jamais parlé de votre famille. (Dit-il alors, me coupant dans mes pensées.)
Vous non plus, pensé-je.
- Vous ne m'avez jamais posé de questions franches. (Dis-je dans un sourire poli empreint de mélancolie.)
- C'était une simple remarque, Séréna.
Je secoue la tête.
- Ne soyez pas timide, Karln. Je vous écoute.
Il se frotte les mains l'une contre l'autre, quelque peu mal à l'aise.
- Eh bien... Quand êtes-vous née ?
Je me pince les lèvres, la tête baissée.
- On ne demande pas son âge à une dame. (Dis-je d'un ton narquois dans l'espoir de dissimuler ma gêne.)
- D'accord. Alors... D'où venez-vous ?
- Question plus intéressante et pertinente. (Je joins les mains, posant mon menton sur mes pouces en réfléchissant à ma réponse.) Ma famille vivait dans le Kara'an. Les terres du grand nord. Un haut lieu de magie. Assurément, j'y ai vécu mes plus belles années. Ma mère était une spécialiste de la magie florale. Nous y avons vécu en paix... Jusqu'à la purge. Nous avons été obligés de fuir et j'ai été séparée de mes parents.
- Vous deviez être encore jeune.
Je me contente d'esquisser un sourire sans joie.
- J'ai pendant longtemps eu l'espoir qu'ils s'en soient sortis, eux aussi. (J'attrape le bâton et le caresse du bout des doigts.) Un espoir futile.
- Séréna, je... (Bafouille-t-il.) Je ne voulais pas vous... Excusez-moi.
Je le regarde et opine.
- Ce n'est rien, Karln. Ce sont des questions légitimes. Que voulez-vous savoir d'autre ?
- Vous n'êtes pas obligée...
Je balaye sa remarque d'un geste las de la main et il s'humecte les lèvres avant de se racler la gorge.
- Avez... Avez-vous une autre famille ? Des enfants ?
- J'ai trouvé une famille, dans un avant poste paumé entre deux pays en guerre.
- Rien d'autre ?
Je secoue la tête négativement.
- Pas à ma connaissance.
- Je m'étonne de ne jamais vous avoir vu avec quelqu'un. N'êtes-vous jamais tombée amoureuse ?
Je garde le silence quelques secondes avant d'opiner.
- Si... J'ai même vécu une histoire d'amour... Passionnelle... Romantique.
J'essaye de ne pas trop y penser, de ne pas revoir son visage, son regard...
- Qu'est-il arrivé ?
- Cette personne m'a été arrachée.
- Je... Je suis navré. J'aurai mieux fait de ne rien dire.
Il se tait et je sais qu'il ne me posera plus de question. Je pourrais laisser la discussion se perdre ainsi, me morfondre sur mon passé ravagé. Mais, à quoi bon ?
- Et vous, Karln ? (Dis-je d'une voix quelque peu brisée.) Vous ne m'avez jamais parlé de votre famille.
- Je suis orphelin. (Me répond-t-il simplement.)
- Vous n'avez jamais eu personne dans votre vie ?
- Si... Autrefois. J'avais une femme et une fille. Mages, toutes les deux. (Lâche-t-il d'une voix lourde en plongeant son regard dans le mien.) Et puis... Il y a eu la purge.
Bravo ma vieille, t'aurais mieux fait de te taire.
- Karln, je...
Il me coupe la parole.
- Nous avons tous les deux un passé douloureux. Pas besoin de s'en excuser.
J'opine, peu convaincue et continue de le dévisager. Mais lui évite désormais mon regard et je le sens hanté par des souvenirs d'une vie perdue, brisée. Nous avons vécu des choses similaires. Il ne m'en avait jamais parlé. Je comprend mieux sa foi en moi, son désir de m'aider et plus encore, de me protéger. Il projette en quelque sorte sur moi son passé, s'évertuant à essayer de réussir là où il avait échoué. Mais le voilà morose, l'âme en peine, tout comme moi. Je saurai gérer, mais lui ?
- Dans combien de temps est la relève ? (Demandé-je, pour passer à autre chose.)
- Encore deux heures. (Dit-il d'une voix morne.)
- Alors allez-vous coucher. Je monte la garde.
- Ce...
Je ne lui laisse pas l'occasion de dire non.
- C'est un ordre, Capitaine. Allez-vous reposer. Et oublier.
- Je ne pourrai jamais oublier.
Je me masse les paupières.
- Bien sûr que non. Personne n'oublie. Mais vous devez cesser d'y penser, de ressasser.
- Et vous ?
Je ne répond pas.
- Vous êtes sûre de pouvoir gérer ?
- Absolument.
Je vois bien qu'il cherche quelque chose à répliquer. Mais il n'a plus de volonté à cet instant précis, ses yeux sont ternes. Il se contente finalement d'opiner vaguement et lâche un merci avant de s'éloigner vers sa tente. La prochaine fois, j'espère que nous trouverons un sujet de discussion moins déprimant même si je pense que cette soirée peut nous avoir rapprochés, de par nos expériences communes.
Je resserre la couverture sur mes épaules quand un vent léger traverse le campement et m'arrache quelques frissons. Je laisse échapper un soupir et lève mon regard vers le ciel étoilé. Lointain. Inaccessible. Et d'une immense beauté. C'était par une nuit semblable que toi et moi avons fait connaissance. Je croyais avoir trouvé le bonheur. Avoir trouvé ma place. Je voyais la joie et l'avenir dans tes yeux. Je voyais un lendemain dont la purge m'a privée, en même temps que tout ceux que j'aimais. Par égoïsme. Par peur. Par désir de pouvoir. Des sentiments néfastes qui ont failli me perdre à mon tour avant qu'elle ne m'aide à retrouver mon chemin. Neran... Mais jamais je n'ai pu t'oublier, toi qui m'a été brutalement arrachée. Comment, dès lors, pourrais-je m'autoriser à me perdre en quelqu'un d'autre comme je me suis perdue en toi, enivrée ?
Un bruit me tire de mes pensées et je me lève en laissant mon regard parcourir les environs. Dans le même temps, je commence à concentrer ma magie dans mes doigts et sens l'énergie crépiter.
- Ce n'est que moi. (Dit la jeune elfe.)
Neran... Alors que je pensais à toi... Je laisse mon pouvoir se dissiper progressivement et me rassois. Elle me rejoint et s'installe à mes côtés.
- Je ne voulais pas vous effrayer.
- Ce n'est rien. Tu as bien dormi ?
- Pas assez.
- Tu devrais aller te coucher alors. La journée sera longue demain.
- J'avais froid. (Dit-elle doucement.)
Je la dévisage quelques instant avant d'écarter les bras, l'invitant à se lover contre moi avant de la recouvrir avec la couverture. Ses mains se posent sur mon ventre et sa tête repose sur mon sein. Elle tremble légèrement.
- Merci. (Souffle-t-elle.)
Elle n'ajoute rien de plus et finit par s'endormir après quelques minutes. Je l'observe alors longuement, tandis que les flammes créent des figures improbables en dansant sur son visage. Sa beauté me frappe, en même temps que cette douceur qui transpire dans ses traits. Tant de forces et de faiblesses à la fois... Tout comme toi. Avez-vous d'autres choses en commun ? Vos rêves ? Vos passions ? Votre façon d'aimer ?... Je ne peux imaginer te retrouver en elle. Je ne peux m'imaginer l'aimer, de peur que ton souvenir ne m'échappe à jamais. Je pense déjà trop peu à toi... Mes doigts s'enroulent dans les cheveux de Neran.
- Dors, mon amie. Dors...