Bonjour tout le monde.
Après un petit épisode de canicule en passe de se résorber définitivement (quelques zones encore en France, mais chez moi, c'est terminé, ouf !) je reviens vers vous afin de vous proposer un nouvel extrait d'Apogée. Mais si, vous savez, mon roman en cours ! Non ? Bon, allez par là alors : http://gautierflorian.wixsite.com/mirlina/single-post/ExtraitApog%C3%A9e Rhalàlà.
Comme ça, j'ai pas à broder encore ! Dans cet extrait (bourré de fotes, tavu !), Raïna fait face à ses démons intérieurs ! ça pourrait être une scène légèrement inspirée de la canicule, mais alors, léger hein... Et après ça, elle mène son combat pour la Justice.
Comme d'habitude, il s'agit d'un premier jet, pas vraiment relu, les phrases, voir les idées, et discussions, sont potentiellement amenés à changer ;)
Bonne lecture :)
L’eau ruisselait sur son corps parsemé de nombreuses cicatrices, dénouait ses muscles, chassait la crasse et la sueur en même temps que la douleur et les doutes. Raïna prit une inspiration, bascula la tête en arrière, appréciant le clapotis de l’eau sur son visage. La fatigue commençait à se faire lentement sentir. Comment les choses avaient-elles pu aussi mal tourner ? Comment avait-elle pu être aussi aveugle ? Les époques s’étaient succédé ainsi que les réalités. Mais une chose demeurait constante : Son échec. La corruption, les destructions, la mort… C’était un cercle vicieux qui n’avait de cesse de se répéter, si bien qu’elle commençait à penser qu’il n’était pas possible de s’en défaire. Peut-être avait-elle tort de lutter. Peut-être que l’effondrement n’était pas une simple théorie, mais une vérité. Les civilisations finissaient invariablement par s’écrouler. Dans d’autres circonstances, elle aurait certainement pu l’accepter.
Les vies s’étaient enchaînées sans qu’elle ne parvienne à retrouver la paix. Sans qu’elle ne parvienne à s’autoriser à passer à autre chose. L’ombre menaçait encore et toujours, prête à fondre sur elle, à fondre sur la civilisation, à l’emporter dans les ténèbres de l’oubli. Parfois, elle se prenait à espérer que tout ceci ne soit qu’un atroce et long rêve. Elle voulait se réveiller chez elle, aux côtés de sa femme. Voir leur fille entrer dans la chambre pour leur sauter au cou. Une vie si lointaine qu’elle doutait parfois l’avoir jamais vécu. En ce temps-là, Raïna ne possédait pas de pouvoir. En ce temps là, elle était une humaine, comme les autres… Le clapotis de l’eau… Cette fraîcheur qui ruisselait sur son corps, qui la détendait, faisait également ressurgir des souvenirs qu’elle aurait voulu oublier. Faisait ressurgir la douleur… Il pleuvait cette nuit-là. L’orage grondait. Les températures caniculaires des jours précédents laissaient place à une pluie accueillie avec joie. Elle était sortie, comme lors de chaque orage. Le roulement du tonnerre résonnait au tréfonds de son être, l’apaisait. Ironique, vu qu’elle fuyait le bruit des basses, des tambours… Que le tonnerre en règle général effrayait les animaux.
Ils étaient alors venus. Leurs voix avaient emplis son esprit. Aujourd’hui, les mots ne lui revenaient pas. Mais les sensations restaient. Appréhension, incompréhension, peur, excitation, orgueil, fierté… Comme s’ils l’avaient séduite, lui promettant un autre destin, de révéler qui elle était vraiment. Ils l’avaient alors emmené au loin. Loin de ses amis. De sa maison. Loin de sa famille. Loin de sa vie. C’est à ce moment précis que son existence toute entière avait basculé. Les changements qui s’étaient opérés en elle amenaient avec eux une douleur si grande qu’elle noyait ses sens, l’empêchait de réfléchir. L’oblitérait totalement. Et alors qu’ils lisaient en elle, elle avait pu lire en eux.
Il pleuvait ce jour là, mais pas comme le jour de sa disparition. Cette pluie était plus calme, plus douce. Elle coulait dans ses cheveux désormais fushia, glissait le long de sa combinaison, comme s’il s’était agis de son corps, sans l’inconvénient d’être trempée. La douleur, la tristesse, puis le soulagement, et enfin, le pardon, dans leurs yeux. Elle avait voulu les serrer dans ses bras. Elle avait voulu leur dire combien elle les aimait, tout leur expliquer. Elle n’en eut jamais l’occasion. La maison avait explosé. Le quartier était parti en cendre. La planète avec… Raïna avait hurlé tandis que la réalité se déchirait autour d’elle pour l’envelopper, l’emmener ailleurs. Elle n’avait jamais su ce qui s’était passé. Seulement que le monde qu’elle avait quitté n’était pas le même que celui qu’elle avait retrouvé, aussi bref l’instant fut-il. La guerre…
Elle ne pouvait tout simplement pas tolérer que cela continue. Elle ne pouvait pas rester sans rien faire. Le visage du fils de Jordan lui revint en mémoire. Pour tous les pères. Pour toutes les mères. Pour tous les enfants. Son combat devait continuer. Et plus encore : elle devait gagner.
Un son l’informa de l’arrivée imminente à destination. Raïna referma le robinet. La douleur restait habituellement, lorsque les souvenirs remontaient. Aujourd’hui, elle s’était évanouie en même temps que l’eau.
Les couloirs de la station étaient surpeuplés, comme à leur habitude. Les déplacements s’avéraient compliqués, limités, et la tension grimpaient rapidement, rendait l’atmosphère lourde. Des hommes, des femmes, comprimés les uns contre les autres, se bousculant, marmonnant. La population de la Station Krel était morose, comme souvent. Néanmoins, tous s’écartèrent sur le passage de la chef des Justicars. Certains le faisaient par crainte, d’autres par admiration, respect. Mais la plupart le faisaient sans même s’en rendre compte, rejetés sur le côté par l’éclat qui brillait dans son regard, par sa démarche assurée, déterminée. Tous s’arrêtaient et la regardaient. Les gens murmuraient sur son passage. Si au sein des Justicars on la révérait, si au sein des différents gouvernements, on la respectait, au sein de la population, Raïna était une icône. On l’admirait, on la chérissait, on la soutenait, tout autant qu’on la craignait et qu’on la détestait pour ce qu’elle était. Plus qu’une humaine ordinaire. Un être différent. Supérieur. Certains firent le signe des Justicars : Le pouce qui ressort entre l’index et le majeur.
Raïna fendit la foule sans même ralentir, la tête haute. Elle monta dans l’ascenseur pour la zone des conseillers, suivit par Jordan. L’ascenseur attendait un code qu’elle entra afin de commencer son ascension. La jeune femme activa ensuite son commuicateur virtuel, sur son brassard.
- Raïna, leader des Justicars. (Énonça-t-elle à voix haute.) Je demande une réunion d’urgence du conseil fédéral.
Une silhouette sombre apparut sur son brassard.
- Le conseil est déjà en session. (Répondit la personne.)
- Parfait, l’attente n’en sera que moins longue.
- C’est une réunion privée, je suis navré.
- Code d’autorisation neuf, delta, charlie, quatre, zygma.
- Je transmet. (La voix se tut un instant.) Le conseil répond favorablement à votre demande.
- Ils n’ont pas le choix. (Répliqua-t-elle froidement.)
L’homme ne répondit rien et mit fin à la communication.
- Il y a un truc que je ne comprend pas. Pourquoi tu passes par une interface visuelle vu que tu ne vois pas ton correspondant ? (S’enquit Jordan, sceptique.)
- Ce n’est pas pour moi, c’est pour lui. Afin qu’il identifie la voix et le visage.
- Je vois. (Il marqua une longue pause.) Tu vas la jouer comment ?
- Je ne joue plus. (Se contenta-t-elle de répondre.)
Les portes s’ouvrirent dans un bref sifflement. Le duo pénétra dans l’aile du conseil et se dirigea d’un pas ferme vers la salle où ceux-ci siégeaient. Les gardes qui patrouillaient dans la zone se décalèrent pour leur laisser le chemin, bloquèrent ceux qui auraient pu essayer de les arrêter. A cet instant précis, le contraste saisissant entre ce quartier et celui qu’elle avait traversé plutôt la frappa. Les allées étaient larges, ouvertes, baignés dans une douce clarté, alors qu’en bas, ils étaient étroit, dans la pénombre, bondés de monde, agglutinés les uns sur les autres. Elle se demandait comment elle avait fait pour ne pas le remarquer plutôt. L’inégalité était pourtant clairement visible. Les portes de la salle s’ouvrirent à leur approche, les gardes se mirent au garde à vous. Raïna ne leur accorda pas le moindre regard et entra, auréolée de puissance. Les battants se refermèrent derrière eux. Jordan s’arrêta, prit appui contre le mur, comme les deux fois précédentes où il avait accompagné la jeune femme. Il savait qu’il n’avait plus de rôle à jouer désormais, qu’il était tout juste toléré, car il accompagnait une femme de première importance aux yeux de la fédération. Si son visage était inexpressif, ses yeux rivés sur Raïna, intérieurement, il souriait en sachant déjà comment les choses allaient se dérouler.
Les conseillers laissèrent Raïna arriver au centre de la pièce, l’observant silencieusement. La jeune femme monta les marches menant au podium. Une fois dessus, elle leva les yeux, dévisagea un à un les hommes et les femmes face à elle, qui l’observaient de haut, tant physiquement que moralement. Et elle attendit. Attendit. Et attendit. Une certaine tension commença à naître dans la pièce, alors que son regard passait de conseiller en conseille,r s’attardant parfois plus sur un que sur l’autre. Certains se raclèrent la gorge, d’autres détournèrent le regard, s’entre-regardèrent, voir se dandinèrent légèrement.
- Nous vous écoutons. (Intervint calmement Kaylin Ryne, haute conseillère, qui siégeait au centre de la grande tablée.)
Raïna demeura silencieuse. Elle notait le nombre de conseillers présents. Il n’en manquait pas beaucoup. Elle notait ceux qui faisaient partie des fichiers qu’elle avait obtenus. Ils étaient nombreux. Son regard se posa sur Kaylin, qui lui offrit un sourire patient. Elle, au moins, ne faisait pas partie, du moins, pas à sa connaissance, des traîtres.
- Nous avez-vous réuni pour rien ? Et cela, en usant du code d’urgence ? (S’impatienta un homme, Marle Despor, à trois chaises de Kaylin.)
Elle lui offrit un sourire froid. Marle faisait partie de sa liste de nom.
- Oh, conseiller Marle, si vous saviez ce qui m’amène, peut-être ne seriez-vous pas si impatient.
Celui-ci s’humecta les lèvres, de manière quasiment imperceptible.
- Je vous en prie, éclairez-nous donc. (Dit-il.)
- Illumens. (Souffla-t-elle.)
Il y eut quelques échanges de regards hésitants tandis qu’un silence pesant s’installait.
- Qu’avez-vous dit ?
- Illumens. (Répéta-t-elle, plus fort.)
Un nouveau silence envahit la salle. Les conseillers s’entre-regardèrent, mal à l’aise, tendu.
- Et… de quoi s’agit-il ? (Poursuivit Marle d’une voix qui se voulait égale.)
Elle lui jeta un regard sans une once de chaleur. Marle avait toujours été un fieffé imbécile, imbu de sa personne. Elle n’avait jamais pu le supporter.
- D’une organisation à l’influence galactique. Qui dispose d’agent dans tous les gouvernements…
- Et vous soupçonnez quelqu’un ici ? (S’offusqua Marle, en lui coupant la parole.)
- … ainsi que de contacts. (Poursuivit-elle sans tenir compte de sa remarque, les yeux fermés.) Je vous annonce la destruction de sa cellule principale.
- Cela semble une bonne nouvelle. (Déclara calmement Kaylin.) Mais pourquoi venir nous en parler ? Vous vous gardez bien habituellement de nous faire des rapports.
- Haute conseillère, sachez que je vous ai toujours respectée. Je suis heureuse que vous ne soyez pas mouillée dans cette affaire.
- De quelle affaire parlez-vous ?
Raïna embrassa la salle du regard, levant les mains.
- Désormais, fini de jouer. (Déclara-t-elle calmement.) J’ai cru en la Fédération. Je vous ai soutenu, du mieux que je pouvais. Désormais, je ferai les choses à ma manière.
- Mais de quoi parlez-vous ? Vous avez déjà une liberté quasi totale ! (S’énerva Marle, en sueur.)
Elle le foudroya du regard. L’air devint soudainement plus lourd. Raïna bondit de son podium pour atterrir devant le conseiller, qu’elle souleva en l’attrapant par le col. La panique gagna les autres qui se levèrent, affolés.
- Ce dont je parle ? Des vendus, comme vous, qui percevez de l’argent afin d’aider des organisation criminelles. (Elle tourna son regard vers les autres membres.) La naïveté est terminé. Je met en état d’arrestation tous les conseillers suspectés d’être agents et contacts des Illumens !
- Vous n’en avez pas l’autorité ! (Glapit un conseiller potelé, du nom de Juel Lambri.)
- Je la prends. (Dit Raïna d’une voix forte.)
- Réfléchissez bien à ce que vous êtes en train de faire… (Fit Kaylin d’une voix posée.) Si vous faites cela, la Fédération ne soutiendra plus les Justicars.
- Les Justicars ne soutiennent plus la Fédération. (Se contenta-t-elle de répondre.)
- Gardes ! Gardes ! (Hurlèrent des conseillers, au fond de la pièce.)
Les portes s’ouvrirent. Raïna leva la main et son énergie cloua les nouveaux arrivants au sol.
- Vous avez choisi la corruption, je choisis la justice ! Les Justicars ne ploient devant aucune force, ne tolèrent aucun écart ! Si vous avez oublié le rêve de la Fédération, nous vous le rappellerons ! Jamais nous ne cesserons de nous battre pour la paix.
- Et vous escomptez y parvenir ainsi ? (S’enquit Kaylin avec calme.) Allons, ma chère. Chacun de nous, ici présent, à l’avenir de la Fédération à cœur. C’est bien pour cela que nous nous réunissons ici aussi souvent, que nous nous efforçons d’améliorer la vie de nos compatriotes.
- En recevant des pots-de-vin de criminels ? En finançant ces mêmes criminels ?
- Comprenez une chose, Raïna. À terme, une guerre est inévitable.
- En alimentant les conflits, c’est une certitude.
- La population compte sur nous pour prendre les meilleures décisions. Pour réussir à leur assurer le meilleur des avenirs. Nous nous y sommes tous engagés.
La jeune femme plissa les yeux, dévisageant son interlocutrice. Pourquoi s’obstinait-elle à défendre ses comparses ?
- Est-ce que vous avez entendu ce que j’ai dit ? (Lâcha Raïna, tenant toujours le conseiller au bout de son bras.)
Kaylin soupira.
- Vous pensez qu’ils ont agis dans leur coin ? Vous faites erreur. Peut-être n’avez-vous pas consulter toutes les données que vous avez obtenues, très chère.
- Non… Pas vous…
- Pas moi. Le conseil. L’Empire et la Monarchie se tirent constamment dans les pieds. Mais, s’ils venaient à se trouver un nouvel ennemi ? La Fédération ne pourrait survivre à un assaut coordonné.
- Ils ne s’occupent même pas de vous !
- Jusqu’à quand ? Les impôts prélevés, en partie pour assurer un financement à votre corps, font monter les tensions.
- La République Monarchique n’est pas de taille à lutter contre l’Empire. En cas de guerre, ils se feraient décimer.
- Et nous offririons assistance, soutiens, aux réfugiés. La Fédération n’en serait que plus grande.
Raïna dévisagea tour à tour Marle et Kaylin, d’un air dégoûté.
- La destruction de la Monarchie renforcerait la Fédération tout en donnant la justification nécessaire à l’attaque, voir à l’éradication de l’Empire… (Comprit-elle avec écœurement.)
Kaylin opina.
- Afin de protéger notre population. Afin de prévenir tout danger.
- Vous êtes dingues ! La République Monarchique a déjà perdu son souverain, tué par votre homme de main ! Combien de morts ? De vies brisées, pour avoir la main-mise sur la galaxie ?!
- Pour protéger la Fédération. (Corrigea calmement Kaylin.)
- Protéger la Fédération ?! (S’emporta Raïna, explosant littéralement de colère.) Elle a bon dos la Fédération ! Vous programmez des massacres pour étendre votre territoire, pour assurer votre hégémonie sur la galaxie, et tout contrôler ! Bien heureux sont les ignorants, n’est-ce pas?Le peuple vous fait confiance, vous le condamnez à la guerre ! Mais pire encore, votre petit cellule terroriste personnelle a provoqué le chaos dans la galaxie ! Mes troupes sont surchargées de travail, certaines manquent à l’appel ! Des morts et des blessés se comptent pas centaines à travers la galaxie ! C’est ça ce que vous appelez protéger la Fédération ?!
- Ils ont fait un petit peu d’excès de zèle, je veux bien le reconnaître. Mais si le chaos épargnait la Fédération, nous aurions semblé suspect. Réfléchissez, Raïna. Vous avez toujours soutenu la Fédération. Une fois l’Empire à genoux, nous aurons les moyens d’assurer un avenir prospère et en paix à nos compatriotes. La méthode peut prêter à discussion, je le concède. Mais nous ne faisons que prévenir une menace qui nous tombera dessus tôt ou tard. N’oubliez pas le rêve qui a toujours uni la Fédération et les Justicars. La fin des conflits, face à une galaxie unifiée. La paix pour tous.
- Vous jouez à un jeu dangereux, conseillère. J’ai déjà vu les ravages de l’attaque préventive. Et si votre petit plan échouait ? Et si, malgré vos prévisions, l’Empire l’emportait ?
- Aucune chance.
Un tremblement secoua la main de Raïna. Marle gémit en sentant son poing se resserrer contre son cou. Il lança un regard implorant vers la haute conseillère.
- Raïna ? (Appela celle-ci avec douceur.) Relâchez-le, s’il vous plait.
- Aucun regret, n’est-ce pas ? La galaxie est au bord d’un chaos généralisé, d’une guerre totale…
- C’est nécessaire. Vous connaissez ce mot, je crois. Vous l’avez souvent utilisé lorsque nous avions des discussions délicates au sujet de vos méthodes.
La jeune femme releva la tête, les yeux embués de larmes. Kaylin lui offrit un sourire.
- ça va aller, ma chère. Nous sommes d’accord avec votre façon de voir les choses.
Le regard de Raïna se durcit. La haute conseillère comprit, trop tard, que les larmes qui coulaient n’étaient pas nés de la mélancolie, ou de la détresse, mais bel et bien d’une colère sourde et froide. Elle recula d’un pas, ébranlée par l’intensité de ce regard, de cette colère.
- Vous êtes d’accord avec moi ? Avec moi ?! Je vous arrête tous pour haute trahison, complicité de meurtre, attentats, détournements, et manipulation de masse !
- Nous refusons ! Vous n’avez pas l’autorité. (Lâcha Kaylin d’une voix forte, mais d’où perçait un léger tremblement.)
Raïna plongea son regard dans le sien. Un regard froid, sans aucune émotion.
- Faites-moi ce plaisir. Je me demande combien arriveront effectivement en cellule en un seul morceau.
- Vous n’oseriez pas…
Elle se pencha en avant, le nez froncé.
- Je ferais ce que j’estime nécessaire.
Un silence de mort s’abattit dans la salle du conseil. Tous dévisageaient Raïna avec horreur, terreur. Elle s’avança vers eux, traînant Marle comme s’il ne pesait rien. Les conseillers se pressaient les uns contre les autres, bloqués par les portes closes qui refusaient de s’ouvrir. Certains couinaient.
- Alors ? (Fit Raïna, froide.)
Kaylin déglutit, avant de baisser les yeux, tendant les mains.
- Nous obtempérons, Justicar.