Bonjour mes lecteurs parmi d'autres ! Aujourd'hui, en ce #JeudiAutoEdition, je viens vers vous pour vous donner un peu de quoi lire sur mon prochain roman en cours d'écriture. (qui a du coup pris la place de Kellygan dans le catalogue... Je me repencherais sur elle juste après, c'est prévu !)
Cette fois-ci, l'extrait s'attardera sur la seconde partie de l'histoire, dans les souvenirs d'une Raïna totalement perdue.
Pour ceux ayant déjà obtenus deux de mes nouvelles en particulier, vous verrez que les références sont totalement assumées : Oui, Apogée se déroule exactement dans le même univers que ces deux-là.
Je vous en laisse la surprise.
Ceux qui me suivent sur Twitter auront déjà lu ces extraits, mais ils seront simplement plus complet, un chouïa modifié aussi.
Je vous souhaite une bonne lecture !
PS : Et voici en prime la couverture du roman ! Oui, il s'agit de Raïna ;)
PSS : On relève pas les fotes, toussa :p
N'hésitez pas à partager, à me donner vos avis, bref, à faire vivre le blog :)
Bonne lecture !
Les appareils se mirent à claironner tous en même temps. La jeune femme leur lança un regard en biais avant de s’en désintéresser, retournant à son livre. Les secondes s’écoulèrent avant qu’ils ne se réactivent de nouveau, l’obligeant à relever le nez de ses pages et à lâcher son crayon.
- On est pas intéressé ! (lâcha-t-elle avec hargne dans l’interphone.)
- C’est moi, ouvre.
- Je t’ai déjà dit de ne pas revenir.
- Je sais, nous deux, c’est terminé… Mais je viens pas te parler de ça… S’il te plaît, ouvre.
- Non.
- Putain, t’es vraiment bornée ! Tu sais ce qu’il se passe dehors ? C’est la merde abyssale ! T’aurais jamais dû lâcher le pouvoir comme ça ! Tu crois que tu es à l’abri pour combien de temps, ici ? Ils te cherchent !
- Je m’en cogne.
- Tu cherches à te faire tuer, c’est ça ?
- Tu te souviens pas de ce que tu m’avais dit ? Le jour où ça pétera, ça sera ta faute. On y est, Mila.
L’intéresse se pressa contre la porte.
- J’étais énervée… Je le pensais pas…
- ça n’a plus d’importance.
- Et tu vas tout laisser tomber, comme ça ?
- C’est l’Empire qui m’a laissé tomber.
- Raïna, je t’en prie…
- Vas-t-en.
- Si tu ne fais rien…
- J’en ai fait assez.
- Alors, c’est ça ?! (explosa Mila.) Tu nous abandonnes tous parce que certains ont manqué de foi ?!
- Je ne vous abandonne pas. Vous les avez soutenu, ce n’est plus mon problème.
- Sois maudite ! Toi et ta foutue fierté, toi et ton putain d’ego surdimensionné ! Tu détruiras tout par orgueil, Raïna !
Celle-ci ne répondit pas. Mila frappa contre la porte, tambourina, le corps secoués de tremblements tandis que des larmes roulaient sur ses joues. Depuis la caméra braquée sur la porte, à l’extérieur, Raïna pouvait voir celle qu’elle avait tant aimé s’acharner contre le battant, à s’en faire saigner les poings. Pour autant, elle n’esquissa pas le moindre geste, ni ne tenta de l’arrêter. Elle se contenta de garder le silence, revenant à son livre.
- Ma plus grande erreur, ça aura été de t’aimer, Raïna… (dit finalement Mila d’une voix brisée.) Pas de te trahir…
Et elle s’en alla. La jeune femme demeura silencieuse. Elle referma son livre, intitulé : « Vivre en milieu politique, amitiés et trahisons ».
- C’est vraiment un tissu de connerie ce truc.
Et elle le jeta à travers la pièce. Il heurta un vase, le fit tomber et le bruit se répercuta dans la pièce. Raïna poussa un soupir et alla nettoyer sa porte.
Après l’avoir de nouveau verrouillée, elle se réinstalla derrière son bureau, attrapa son carnet et relut ses notes. Ses idées… Ses tentatives. Ses échecs. Sa vie. Elle se prit la tête entre les mains, prit une profonde inspiration. Les mots de Mila résonnaient encore à ses oreilles, la brisaient jusqu’aux tréfonds de son être. L’amour… L’amour était devenue une douleur qu’elle ne pouvait plus se permettre de ressentir. Un picotement dans son dos la fit frissonner.
- Ils arrivent…
Autour d’elle, la réalité commença à se tordre. Raïna se leva précipitamment, attrapa son carnet avant de foncer dans la pièce du fond. Elle attrapa son sac au moment où la réalité se déchirait. Elle gémit, emportée par une force à nulle autre pareille qui la fit décoller, perdre ses repères. Elle se sentait monter, tomber, ballotter… Enfin, elle percuta le sol, solide, dur. Elle mit un moment avant de se redresser, de prendre conscience de son environnement. Son visage se tourna jusqu’à ce que ses yeux se posent sur la brèche. Celle-ci se refermait lentement. De l’autre côté, elle pouvait voir les restes de son appartement, en désordre, ravagé par la puissance du transfert.
- Adieu, Mila.
La réalité se répara, laissant Raïna seule avec elle-même. Elle regarda autour d’elle. A première vue, ce monde n’était pas encore colonisé. Elle se retrouvait perdue, livrée à elle-même, pour une durée indéterminée.
- J’ai connu pire.
Elle attrapa son sac, fourra son carnet dans sa poche et marcha.
Si seulement je savais voler…
Elle secoua la tête et embrassa les environs du regard. Au moins, la vue était belle.
Douleurs. Esprit morcelé. Souvenirs dispersés… Je dérive…
Assise sur un banc, la jeune femme contemplait le parc qui s’étendait devant-elle, dernière représentation de végétation à des milliers de kilomètres à la ronde. Elle laissa son regard paresser à travers les arbres aux feuilles oranges, situées au plus près des racines, et à l’écorce bleu, dont le tronc faisait une demie arche. Le point positif à tous ces changements de réalité était là, sous ses yeux : La diversité. Elle pouvait voir de nombreuses évolutions différentes, et c’était une vraie chance. Elle ouvrit son carnet et apporta quelques ajouts à ces dessins de la flore. Au dessus était titré : Réalité 1116. Des centaines de plantes étaient disséminées à travers ces pages, et ce sans compter ses autres carnets, qu’elle trimballait à chacun de ses sauts. Elle y consignait tout. Tout ce qui avait de l’importance, à ses yeux. Et dans celui-ci précisément se trouvait des copies de lettres envoyées à Mila. Elle poussa un soupir quand l’une de ses réponses glissa hors du carnet pour se déposer par terre. Elle considéra l’enveloppe un moment, sans bouger. Devait-elle la ramasser ? Devait-elle la conserver ? Elle s’en saisit, avant de la glisser dans le carnet. Peut-être un jour les relirait-elle. Un jour. Son regard se porta par delà la végétation pour s’arrêter sur les immenses blocs de métal et de verres qui encadraient le parc, symbole d’un capitalisme exacerbé dans lequel ce monde baignait. Il était amusant de voir que le concept d’argent roi trouvait un écho à travers les différentes réalités. Elle se leva et quitta le parc. Dans un tel monde, Raïna n’avait que peu d’options pour survivre. Se plier aux règles, ou les contourner. Les autres options ne l’intéressaient pas. Ne l’intéressaient plus. Elle n’avait plus envie de perdre du temps, de se démener pour des gens incapables de voir plus loin que le bout de leur propre nez, incapable de rester unis. Pour des gens qui la laisseraient tomber à la moindre occasion. Pour des gens qui finiraient par disparaître, par sortir de son existence, ne laissant qu’un goût doux-amer dans le meilleur des cas. En finalité, elle demeurait invariablement seule…
Elle enfila un masque pour dissimuler son visage. Dans ce genre de monde, l’argent était la seule chose qui comptait. Et justement, elle commençait à manquer de liquidité. Elle sortit un fusil à pompe de son sac et se plaça sur la route. Le convoi qui arrivait à l’angle n’avait pas assez de vitesse pour lui résister. Elle le stoppa du pied, puis pointa le fusil contre la vitre.
- Sortez. Immédiatement.
Les gardes refusèrent d’accéder à sa demande et elle fit feu. Les projectiles traversèrent les vitres normalement pares-balles, rasant la tête du chauffeur. Ils révisèrent leur position et sortirent, les mains en évidence.
- A plat-ventre.
Ils obtempérèrent. Raïna ne prit même pas la peine de les attacher. Elle grimpa dans le véhicule et mit les gaz, non sans arracher au préalable les diverses puces gps qui ornaient l’habitacle. Elle les sema petit à petit sur la route, autant de fausses pistes qui lui permettraient de gagner du temps.
Elle exécrait ce genre de chose. Voler. Commettre crimes et délits. Mais elle se refusait à devenir une esclave d’un système conçu pour l’écraser en lui laissant juste assez d’air et de temps libre pour une illusion de liberté. Elle en avait déjà fait les frais, déjà vu à quoi cela amenait. L’inhumanité prenait le pas, elle ne voulait pas jouer à ce petit jeu. La morale… Elle pourrait s’en arranger. Avec le temps. Ce monde, comme les autres, finirait par être anéanti. Elle ne prendrait même pas la peine d’essayer de l’en empêcher. Ils ne méritaient pas qu’elle se saigne pour eux. Cette réalité était vide, aseptisée. Toute velléité de révolte était tuée dans l’œuf. Son regard coula sur les rues qu’elle passait. À chaque ruelle, des corps étaient visibles. Des malheureux, transis par le froid, laissé à l’abandon, dans une misère des plus totales. Certains étaient morts. Les corps s’amoncelaient, la détresse pullulait. Et tout le monde s’en contentait. Les passants ne les regardaient pas. Pire encore, ils s’y refusaient. Ne pas les voir signifiait ne pas avoir à affronter la réalité. Sans compter la simple peur, muette, de tous : Finir comme eux. Seuls et délaissés dans un caniveau puant, triste constat de l’échec d’une vie. Ceux qui ne sont rien. Dans certaines sociétés, Raïna avait même assisté à leur extermination, ce qui passait pour un acte de charité. Une ignominie sans nom. Le moment où toute émotion humaine était considérée comme indigne au mieux, criminelle au pire, où seuls les chiffres comptaient, seul le rendement. Ne restait que deux voies possibles pour éviter pareille misère : La soumission ou le crime. Elle avait fait son choix. Et cela n’était pas sans intérêt. Ainsi, elle pouvait voir l’autre côté de la barrière, mieux comprendre la façon de faire des criminels, des truands. Mieux comprendre ce qui régissait ce genre de milieu. Elle n’oubliait jamais de prendre des notes. Jamais. Un nom se formait dans son esprit, une idée… Les Justicars.
Ballottée… Transformée… Nuage de débris… Douleurs… Pensées confuses… Visions…
- Vous avez été reconnue coupable des crimes énoncés à votre encontre il y a un instant. Qu’avez-vous à dire pour votre défense avant que la sentence ne soit prononcée et exécutée ?
Raïna jeta un regard sombre au maître de cérémonie.
- C’est cela votre conception de la justice ? Une franche rigolade, un odieux mensonge ! Mon crime est, je vous cite : Être un élément dangereux pour la société par mes inaptitudes à m’y intégrer. Je suis arrivée il y a une semaine. Je suis un danger parce que je réfléchis, et vous me craignez pour ça. Je ne rentre pas dans vos petites cases, je ne me laisse pas aller aux chaînes que vous avez essayé de m’imposer sitôt arrivée chez vous.
- Vous n’êtes qu’une langue de vipère, une infidèle ! Louez la Reine-Mère, divinité sans concession et expiez vos péchés pour accéder à l’au-delà !
Réalité 1174, un ramassis de pseudo-religieux.
- Allez tous en enfer.
- Meurs, hérétique ! (s’écria quelqu’un dans l’assistance.)
Le chaos s’installa dans la chambre spirituelle, tous ou presque invectivant Raïna, essayant de se rapprocher d’elle afin de la châtier. La jeune femme soupira, gonfla ses muscles avant de briser ses chaînes.
- ça suffit les conneries !
- Elle s’est libérée ! Arrêtez-là !
Elle envoya valdinguer ses gardes à travers la pièce, comme s’ils ne pesaient rien. De nombreux fidèles se jetèrent sur elle, griffes en avant. L’un d’entre eux lui égratigna le visage. Elle grogna, repoussa ses assaillants avec force, mais ils en venaient toujours plus, qui s’agglutinaient sur elle, la faisaient ployer sous le nombre. Elle mit un genou à terre, serra les dents. Ils la griffaient, arrachaient ses vêtements. Un concert de voix, d’exclamations ponctuaient leurs efforts. Raïna ne parvenait pas à en saisir le sens, et au fond, elle s’en fichait. Elle poussa un hurlement, gonfla un peu plus ses muscles. Elle sentit un changement, quelque chose de différent, mais ne s’y attarda pas. Le poids sur ses épaules, sur ses bras, était en constante augmentation, et pourtant, elle parvint à se remettre debout. Elle cria de plus belle. Ses muscles continuèrent de grossir, tout son corps se mit à gonfler. Elle gagna plusieurs centimètres et balança un grand nombre de ses agresseurs sur le côté. Ses poings balayèrent l’espace autour d’elle, fauchant toujours plus de fidèles. En quelques instants, un cercle s’était formé autour d’elle. La peur déformait les visages de ses adversaires qui se tenaient désormais à l’écart. Elle reprit son souffle.
- Crève, démon !
Raïna regarda derrière elle, angoissée par le ton de la voix. Un homme la ciblait avec une arme. Il fit feu. Une rafale d’énergie en jaillit, la frappa entre les omoplates. Elle fut projetée contre le mur du fond, passa au travers, et ne bougea plus.
À son réveil, elle se trouvait dans une fosse commune, parmi des corps, certains momifiés, d’autres en putréfaction. Elle ne put s’empêcher de vomir, sentant ses tripes se retourner. Il lui fallut plusieurs minutes pour parvenir à calmer ses haut-le-cœur, reprendre le contrôle de son corps tremblant et affaibli. Quand elle quitta la fosse, traversa le cimetière, des regards apeurés la suivirent. Elle aperçut quelques signes, les mains jointes, entendit quelques mots prononcés, de ci de là.
- Démon…
- Ressuscitée…
- Malheur...
Elle ne demanda pas ce qu’ils entendaient par là. Car la réalité se fendit autour d’elle et l’emporta au loin. Elle s’écrasa au sol, les jambes flageolantes. Il lui fallut toute sa volonté pour ne pas vomir. Un nouvel univers. Elle commençait à perdre le compte. Comme elle avait perdu ses notes, ses calepins. Elle devrait encore fouiller dans sa mémoire pour tout refaire… Les mondes se suivaient, finissaient par se ressembler. Elle était las. Tellement d’univers, si peu dignes d’être sauvés en finalité… Les mortels se perdaient, suivaient des routes sans lendemains. Dans ces moments-là, la vérité des bâtisseurs lui semblait juste. Elle avait l’impression de se battre pour rien, de lutter contre le courant, puissant, implacable, inarrêtable. Ce genre de pensées la parasitait. En y repensant, elle se dégoûtait. Mais au travers des différentes réalités, il y avait toujours eu quelque chose, la petite pièce qui n’allait pas, l’engrenage qui ripait et faisait dérailler l’ensemble.
Quelque chose lui échappait. Un élément important, elle le savait, elle le sentait. Raïna se redressa, inspirant profondément avant de tousser, crachant du sang. Nouveau monde, nouvelle atmosphère. Elle serait malade durant quelques jours, le temps de s’habituer. Ce n’était pas le cas à chaque fois, fort heureusement.
Je n’ai plus qu’à découvrir ce qui m’attends ici.
Une brèche, encore une. Raïna se laissa dériver, sans lutter. Elle n’avait pas eu le temps de s’attacher, pas eu le temps de mettre quoi que ce soit en place. Mais cette fois-ci, au moins, avait-elle pu emmener ses notes. Elle n’accorda pas le moindre regard au monde qu’elle venait de quitter mais s’intéressa plutôt à celui qu’elle venait de rejoindre. Une femme la dévisageait, les yeux écarquillés.
- Euh… Célène ? (fit la femme, peu rassurée.) On a une femme aux cheveux roses au milieu du salon !
Raïna leva les mains en signe d’apaisement. Quelqu’un déboula de l’autre côté de la pièce, se figea en croisant le regard de la jeune femme.
- Qui êtes-vous ? (demanda la première femme.)
- Elle s’appelle Raïna. (répliqua la seconde, avant que l’intéressée n’ait pu répondre quoi que ce soit.) Et... elle ne vient pas d’ici.
- Que…
- Je lis en vous, très chère. (se contenta de répondre Célène avec un sourire énigmatique avant de regarder sa compagne.) Elle a vécu de nombreuses choses. Certaines très dures, tant à décrire qu’à comprendre… Mais je ne pense pas qu’elle soit un danger pour nous. Par contre, elle aurait bien besoin d’un bain. Elle sent horriblement mauvais. Tu lui montres la salle de bain, Kati ?
Celle-ci leva les yeux au ciel en soupirant.
- On va faire comme si tout ça était normal. Suivez-moi.
Peine. Souffrance. Douleur… Kati… Célène… Jordan… Souvenirs qui se percutent, s’affolent… Origines multiples… Douleurs intenses… Comme si tout notre corps était tendu à l’extrême, sans possibilité d’y remédier… Mais que nous… m’arrive-t-il ?
Les hommes de mains s’étaient placés tout autour d’elle, avec une posture qui ne laissait place au doute quand à leurs intentions s’ils estimaient qu’elle faisait le moindre geste suspect.
- Directeur Corn. (fit Raïna.)
- Justicar Raïna. Il me semblait pourtant avoir été clair. Cette affaire ne concerne que la firme Trian.
- Avec les morts qu’il y a eu, vous comprenez aisément qu’une enquête ait été ouverte, hors de votre contrôle.
Il fit claquer sa langue, signe de son irritation.
- Comme je l’ai déjà signifié, il ne s’agit que de l’erreur d’une personne.
- Une erreur qui a causé beaucoup de tort. Je veux avoir accès à son dossier, à ses recherches, savoir qui elle côtoyait. Ainsi qu’accéder au corps.
- Ça risque d’être délicat.
- Et pourquoi cela ?
- Le corps a… semble-t-il… disparu.
Raïna croisa les bras sur sa poitrine, dévisagea Cron avec stupéfaction.
- Disparu ? Comme c’est pratique.
- Croyez-bien que cela nous dérange, certainement plus que vous !
- Ben voyons !
Il balaya la remarque d’un geste impatient de la main.
- J’ai d’autres choses à faire ! Les retombées nous sont particulièrement défavorables ! (il lui tendit un dossier.) Tenez. Veuillez me laisser.
Raïna ne répondit rien et parcourut rapidement le dossier.
- Justicar… (s’impatienta le directeur.)
La jeune femme sortit une photo du dossier qu’elle montra à l’homme.
- Qui est cette femme ?
Le directeur observa la photo en se frottant le menton. Il passa derrière son bureau, fouilla dans son ordinateur. Finalement, il retourna l’écran sur lequel apparaissait un dossier complet sur la personne en question.
- Le docteur Illyana Rais. Elle était la compagne du docteur Evelyne Archane.
- Je souhaite lui parler.
- Elle a démissionné et n’a pas donné d’adresse.
- Pratique.
Le directeur jeta un regard noir à la jeune femme. Celle-ci ne releva pas.
- J’ai l’impression qu’il y a beaucoup de mauvaise volonté de votre part, directeur Cron.
- La Firme Trian a suffisamment de retombées à gérer suite à cette catastrophe pour ne pas en plus avoir à supporter la Justicar, pourfendeuse des vilains ! Nous sommes une société à la pointe de la technologie, pas des criminels !
- ça, c’est vous qui le dites. Mais ce n’est guère la première fois que l’éthique ou la morale de vos recherches est remise en cause.
Le directeur serra les poings. Raïna lui offrit un large sourire sardonique avant de tourner les talons et de quitter le bureau.
- Nous aurons l’occasion d’en rediscuter, n’ayez crainte. (lâcha-t-elle sur le seuil de la porte en levant le dossier.)
Elle l’entendit taper du poing contre son bureau et jurer. Elle en était ravie.
Sensations étranges… Maux de crânes… Difficulté de concentration… Nous… nous… je… suis… Je…
Raïna.