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Avis-Cinéma : Joker

Dernière mise à jour : 14 janv. 2020

Bonjour à tous et bienvenue ici en ce jour pour votre nouvel avis-cinéma ! Et comme vous avez lu le titre et vu l'image de présentation, vous savez déjà de quoi on va parler...

Cette fois-ci, je vais vous demander de plonger avec moi dans les abîmes de la folie, car nous allons parler de Joker !


Au début, je ne comptais pas parler du film, guère plus qu'un passage dans un #Jeuditou, comme je le fais pour une majorité de ce que je regarde.

Mais je n'ai cessé de repenser au film ces derniers jours, de faire tourner tout ceci dans ma tête et il faut que je vous livre mes impressions, mon ressenti.

Vous le savez, tout ceci n'est que ma seule vision, interprétation des choses et aucun cas la vérité. Et comme d'habitude, on va débuter par une partie sans spoil avant de passer à la partie avec.

Et on y va !



No spoil.


Joker est un film sombre. Pas d'une violence inouïe, même si la violence qui est montrée l'est sans forme de retenue ni de mise en avant. Elle est juste là.

Le film nous dépeint la vie d'Arthur Fleck, homme ayant des troubles mentaux, ayant déjà été en hôpital psychiatrique, qui tente de s'en sortir dans une cité de Gotham où le côté social est de plus en plus réduit voir anéanti. Le personnage essaye de s'intégrer à une société qui le craint et le rejette car il est différent et il finira par sombrer pleinement dans la folie qui est la sienne pour renaître et s'affirmer en tant que Joker.




Le film est sympathique et même bon. Son acteur principal, qui porte tout le film tant il est omniprésent à l'écran (il est le film, littéralement) est très bon à excellent et nous fait bien ressentir la descente aux enfers qu'il vit et la souffrance physique et psychologique qu'il ressent via les crises qu'il endure.

Si le début du film est plutôt lent, posé, on ne voit pour autant pas le temps passer et même à la fin, on peut se dire : déjà. Déjà fini.


Mais la question à se poser alors, tandis que le générique défile sur l'écran, est : Qu'est-ce que ce film m'a raconté ? Et est-ce que j'ai une sensation d'aboutissement ?

Oui et non.

Je ne vais pas vous mentir. Bien que j'ai trouvé le film bon... un sentiment de déception m'a pris quand l'écran est devenu noir. Pas parce que le film est mauvais, je le rappelle. Mais pour autre chose et il m'a été difficile de le définir pleinement.

Premièrement, le sentiment d'aboutissement, de réussite. Si le personnage du Joker à la fin semble être libéré de ses tourments et enfin tel qu'il veut l'être, j'ai une sensation de brouillon quand à la fin amenée, comme si la conclusion n'allait pas d'elle-même avec le récit. Une fin qui n'en serait pas une en quelque sorte. Et je ne peux m'empêcher de me dire qu'il n'a rien accompli, ou du moins pas directement.

En second point : La bande annonce qui est littéralement la version réduite du film. On peut le tourner dans tous les sens que l'on veut, voir la bande-annonce, c'est voir un résume clair et net du film. Je n'ai pas la sensation d'en avoir vu beaucoup plus que ce qui était montré dedans en définitive.

Enfin : Les critiques dithyrambiques. Elles sont assez nombreuses à encenser le film, allant jusqu'à le qualifier de chef d’œuvre. Je n'arrive, hélas, pas à le ressentir pour ma part. J'irai même plus loin : Je ne vois pas ce qui fait sortir 'particulièrement' (plus que raisonnable) ce film du lot. Hormis le fait qu'il soit effectivement particulier parmi les tendances générales du cinéma, mais pas un ovni non plus.

Cette tendance à survendre ce film a eu l'effet de me faire m'attendre à quelque chose d'énorme et pendant les premières minutes, je regardais comme un enfant, prêt à en avoir plein les yeux ! Et puis finalement,... on me l'a survendu. Bien, bon même, mais pas exceptionnel.


Mon impression persistante depuis ma sortie du cinéma est la suivante : Il manque quelque chose. Il manque quelque chose pour sublimer le film. Je ne saurai clairement pas dire quoi, mais c'est vraiment l'impression que j'ai, qu'il y a un trou dans cette histoire.


Vous pourriez avoir l'impression que je n'ai pas aimé ce film mais si, je l'ai apprécié. De là à dire que j'aurai envie de le revoir, ce n'est clairement pas certain. Je ne trouve pas que ça soit le genre de film qui se regarde plusieurs fois. C'était un moment agréable et je le conseille pour ceux qui aiment ce genre de film avec un personnage torturé qui sombre.



Pour parler plus en profondeur du reste, il va falloir passer en partie spoil. Donc, ciao à ceux qui veulent se préserver, allez le voir et revenez par ici me donner vos impressions !


Ricanons !

Ou riz cantonais, ou... Hm... Brayf !


Internet s'affole au sujet de ce film et d'un certain message qui est à l'intérieur, affiché sur des pancartes, à savoir : Tuer les riches. De l'éditorialiste bien de chez nous s'est alors exclamé que c'était de l'appel au meurtre et que c'était un film violent ! (Peut-être même à censurer ? J'en sais trop rien, j'ai juste eu un vague écho...)

Belle démonstration de l'adage : Quand on lui montre la lune, l'idiot regarde le doigt. Le film n'appelle pas au meurtre des riches. Il montre, en toile de fond de l'histoire du Joker, une population où la précarité devient la norme, où les injustices se creusent et où les pauvres, qui n'arrivent plus à s'en sortir et à avoir espoir en viennent à des violences extrêmes en portant aux nus un homme fou. Et comme la situation est en partie créé par les riches, car leur existence signifie qu'il y a des pauvres et que dans le contexte d'une société capitaliste, les riches jouent littéralement avec l'avenir des pauvres via les marchés et spéculations, le raccourci facile est de dire que c'est la faute des riches. (Ce qu'on ne peut nier en partie.)

Mais en réalité, le film nous demande de réfléchir à la société, à la façon dont nous traitons notre prochain, notre relation avec lui et nous montre la folie qui s'est emparé de cette société dont le Joker n'est qu'un reflet.

Cette idée là est d'ailleurs très bonne et dans l'essence du personnage, qui n'est qu'une forme d'incarnation du chaos ambiant. Très éloigné du coup de celui de Jared Leto qui n'était qu'un vulgaire criminel bling bling. (Et ce n'est pas la prestation de Jared Leto que je remets en cause mais l'écriture du personnage. Car dans le rôle du criminel bling bling avec un pet au casque... beh franchement c'était bon. Le problème, c'est que... c'était pas le Joker, du moins pas celui que les gens veulent voir. C'était un criminel. Il aurait limite pu faire le Pingouin avec quelques changements, car le personnage est un vendeur d'arme qui aime jouer aux durs avec ses hommes de mains. Mais là n'est pas le sujet.)

Là où ça me dérange, c'est que le Joker est... presque glorifié. Mais ne brûlons pas les étapes et résumons le film.


Arthur Fleck est donc un homme avec des troubles mentaux qui travaille dans une agence de clown pour faire des prestations dans la ville et qui subit de plein fouet la violence de la ville. Il se fait tabasser dans les premières minutes du film, c'est vous dire. à cause de ses troubles, il peine à s'intégrer et est en décalage avec les gens. Il vit dans sa petite bulle, fait montré par une séquence qui ne peut qu'être tiré de son imagination.

Suite à une agression, Arthur va péter une durite, totalement lâcher les rennes et se laisser guider par une réponse violente et instinctive à l'attaque qu'il subit en tuant sur le coup de la colère deux personnes, puis en abattant froidement la troisième après l'avoir traqué. Ces personnes sont des traders et cet acte, unanimement jugé par les médias et les personnes de l'élite de Gotham comme étant monstrueuse, sera vue de manière bien plus pertinente par les gens de la basse société. Une personne inconnue, habillée en clown, a tué trois personnes faisant partie du cercle de la richesse. Et ça va devenir un symbole. Un symbole qui sera le fer de lance de manifestation contre la misère et le système qui se casse la gueule. Donc, oui, c'est plutôt d'actualité.

Arthur va aller de découverte en découverte sur son passé et celui de sa mère, qui finiront de le faire sombrer dans la folie, surtout qu'il n'a plus accès à ses médicaments vu que la ville coupe les subventions des centres sociaux (accentuant le côté crise qui touche les plus démunis.) La folie d'Arthur va se manifester de plus en plus, on va se moquer de lui à la télévision suite à un de ses one man show (il essaye de devenir humoriste) et il va accepter de passer dans l'émission qui l'a moqué. Alors que son but originel était manifestement de se suicider sur scène pour que sa mort prenne plus de cents (sens) que sa vie, il va péter un câble contre le système qui crée la misère et la pauvreté en direct et tuer le présentateur de l'émission. Dernier acte qui fera de lui le Joker.

La ville, devant ce nouvel acte, avec un personnage désormais pleinement identifiée, va se rebeller et le chaos va naître dans les rues, sous le regard amusé du Joker qui aime ce qu'il voit.




L'un de mes problèmes avec ce film, c'est la volonté d'humaniser le Joker. Dans le film de la trilogie de Nolan, le Joker n'était personne. Il n'avait ni passé ni identité. Même les tentatives de Batman de faire de la reconnaissance faciale sur lui étaient infructueuses tant l'individu ne venait de nulle part. Il va même jusqu'à mentir constamment sur l'origine de ses cicatrices et donc d'une partie de son passé, ce qui rendait le personnage génial et stressant.

Mais ici dans ce film, c'est très différent. On a une volonté d'expliquer, vu qu'il s'agit d'une origin story. Une volonté d'expliquer telle qu'on va retracer partiellement sa vie, expliquer les raisons des troubles du personnage, se ranger constamment à son point de vue (c'est un peu lui qui nous raconte son histoire d'une certaine façon.). Son premier pétage de câble, quand il va tuer les trois traders est parfaitement compréhensible pour quiconque aurait vu la scène. Certes, il fait étalage d'une violence certaine, d'une réponse qui peut sembler de l'extérieur comme disproportionnée, mais en réalité, est-ce vraiment le cas ? Le mec se fait passer à tabac, trois contre un, sans aucune possibilité de s'en sortir. Il sort le flingue, tire sur le premier, puis sur le second, et, dans une folie vengeresse causée notamment par l'adrénaline, il va traquer et tuer le dernier avant de s'enfuir avec une certaine horreur.

Je suis désolé, mais, son pétage de câble à ce moment-là est pleinement humain, compréhensible voire même acceptable. Mérité, on va pas abuser, mais il n'a fait que se défendre. Ce qui sera bien sûr déformé par le système qui posera les traders en pure victime alors que ce sont eux qui ont cherché la merde au début.

De là le personnage deviendra le symbole d'une lutte. Et ça, ça me va, car les gens ne savent pas qui il est, ce qu'il est. Le Joker devient un symbole malgré lui. Tout comme les médias et puissants déforment les propos, ce qui s'est passé, les pauvres le font, dans un extrême inverse, cherchant un symbole auquel se raccrocher. (Ce qui est intéressant car cela ancre les choses dans l'univers de Batman et de l'opposition avec le Joker, le symbole que Batman deviendra. Qui d'ailleurs naît de la folie provoquée par le Joker. C'est intéressant et ça lie les personnages.)

Non, le problème, c'est que le personnage est pleinement humanisé. On le suit, mais pas de manière froide ou détachée, au contraire. On éprouve de la peine, de la pitié pour lui, chose exacerbée par le fait qu'il soit misérable et montré comme étant écrasé par les autres. Le personnage du Joker est donc pleinement humanisé, les raisons de sa folie exposées, du moins partiellement et quand on le voit sombrer, on ne se dit pas : Il est fou. On se dit : C'est normal. Même saint d'esprit, on aurait sombré aussi. Des gens pètent une durite pour moins que ça.

Et oui, ça me pose un problème du coup, car il y a une forme de glorification du personnage, qui est en plus encensé par la foule.


Le Joker est créé par la société.

Oui, totalement. Il est le reflet du chaos, de la folie de la société !

Mais là, c'est pas ça... c'est une épave rejetée par le système qui devient le Joker. Il en devient une réponse. Violente, brutale, folle, à un système qui ne fonctionne plus, ce qui justifie sa folie au lieu de la rendre horrible.


J'ai l'air sympathique, non ?

Si vous retirez le fait qu'il devient un tueur, sa chute est totalement compréhensible et on a juste de la peine pour lui.


Et pourtant, j'ai passé un bon moment devant le film. Les questions sociétales soulevées, qui servent de trame de fond à l'histoire, n'en sont pas moins pertinentes. Il y a une critique d'un système qui laisse les plus pauvres et fragiles à l'abandon, d'un système qui demande à tout le monde de se conformer à un moule et qui n'accepte pas la différence, peu importe les efforts fait. D'un système où les riches s'accaparent les richesses et créent de facto la pauvreté grandissante. Une critique de l'idée du self made-man, comme s'il suffisait de le vouloir pour réussir. Une critique qui explose pleinement quand le Joker tue l'animateur de Talk Show, Murray, ici en figure du père.

En tuant sa mère, puis en tuant Murray, l'animateur du talk show qui l'a invité, le Joker s'émancipe des figures maternelles et paternelles qui ne croient pas en lui et l'accablent. Il arrête de lutter contre ce qu'il est au fond de lui et s'y laisse pleinement aller. Mais ce côté fou du personnage n'est en fin de compte pas assez mis en avant, car, comme je l'ai dit, tout est expliqué ou explicable.

Pourquoi Murray est la figure du père ? à cause d'une vision du personnage qui s'imagine être dans le public de son émission, être invité sur scène et qui décrit sa vie à Murray. Et Murray le prend dans ses bras en lui disant qu'il serait fier de l'avoir pour fils ce qui rend le personnage d'Arthur presque euphorique.

Sauf que dans l'émission réelle, le Murray lui dit qu'il se cherche des excuses, qu'il n'assume pas ce qu'il est, qui il est, ce qu'il fait ou ne fait pas. En gros, que c'est un détraqué et un raté, l'accable en le rendant responsable de tout.

Et sa mère s'était également amusée à lui casser du sucre sur le dos :

Je vais faire un one man show Maman !

"Mais il faut pas être drôle pour être humoriste ?"

Le Joker tuera sa mère en premier lieu, puis l'image du père et par ce fait, acceptera pleinement ce qu'il est, qui il est. Il deviendra pleinement le Joker.



Autre point dommageable je trouve, le côté hallucination du personnage. Si la première fois, avec sa "vision" fantasmée dans l'émission de Murray, c'était pour moi limpide, par la suite, les autres visions ne m'ont jamais semblé être clairement visible, au point que le film doit nous dire ce qui était une vision et ce qui ne l'était pas.

Ce qui fait que plusieurs fois, je me suis dit : ça, obligé, c'est une vision du personnage, un fantasme. Notamment l'affaire dans le métro. J'aurai bien vu un fantasme du Joker qui se voit les tuer, de manière brutale, pour ce qu'ils font, peut-être même en référence à ce qu'il aurait subit avant dans le film, avant de pourquoi pas passer à l'acte de manière totalement différente, à un autre moment du coup. Mais non, c'était bien réel dans le film. Il manque de moment de pure folie du Joker en fait.

Bien sûr, comme on suit le Joker, on peut se dire que certaines choses sont déformées, biaisées par sa vision. ça ferait un retournement sympa, mais c'est manifestement pas le cas du tout.

Est-il réellement fou ? Oui, vu qu'il vit des évènements qui n'ont pas lieu, mais franchement...




Donc ouais, le film est vraiment bien fait, très sympa avec un acteur qui porte le film sur ses épaules.

Mais j'ai des petits soucis avec le film et il n'a pour moi pas le grandiose que certains lui prêtent, même s'il amène à réfléchir à certaines choses.

J'ai apprécié, mais je reste mitigé.


Et vous, qu'en avez-vous pensé ? Dites-le moi en commentaire ;)

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