Bonjour à tous et bienvenue par ici en ce jour pour votre article préféré... J'ai nommé le #Jeuditou !
Après trois semaines sans rien.
Et... un décalage d'une journée ? Je vois pas de quoi vous parlez !
Avouez que ça vous avait manqué. Moi en tout cas oui, au moins un petit peu.
Et cette semaine, de quoi allons-nous donc parler ?
Mais je vais vous le dire, car vous êtes là pour ça.
Écriture pour commence, avec la pulpeuse, la sulfureuse Shanarah ! Viendra ensuite le cinéma et ensuite du divers. Oui, c'est pas forcément beaucoup, mais c'est intense ! Sisi, vous verrez.
Et c'est parti !
Écriture
Enfin, après plus d'un mois de travail (pas constant, je l'avoue j'ai eu d'autres choses à faire quand même), le chapitre 12 du T2 est bouclé ! Enfin ! Et ce, juste avant de se lancer, à 15h30 passé dans l'écriture de ce Jeuditou, après une matinée et un début d'aprem entièrement dessus. Sans compter les autres jours.
Un chapitre de plus en moins pour #Succube. Y'en a 41, mais bon, c'est une victoire !
Un chapitre qui faisait à l'origine 18 pages, c'est assez conséquent. Et qui après correction en fait... 33.
Héhé...
Oui, c'est un très gros chapitre.
Ne manquez pas la fin du Jeuditou car je vous en offrirai un extrait, corrigé sur le fond, pas sur la forme, donc il y aura sûrement des fautes.
33 pages, soit 15 de plus, le chapitre a donc doublé à peu de choses près en quantité. Il fait désormais ̶1̶5̶ ̶6̶7̶2̶ 15 732 mots et ̶9̶1̶ ̶9̶3̶5̶ 92 257 caractères. (Non, je viens pas du tout de rajouter deux-trois petits trucs en écrivant ce Jeuditou, je vois pas ce qui vous fait penser ça.) J'ai fait des nouvelles avec moins de texte. Et ce n'est qu'un chapitre. Je pense qu'on peut dire que je n'ai pas chôme quand même et... finalement, je trouve compréhensible le temps que j'ai mis, pas vous ? Entre deux et six semaines pour corriger des nouvelles de taille similaire, donc, je ne suis pas si nul. J'en suis vraiment satisfait, il aborde les sujets qui m'importaient. Ce chapitre est essentiel car il parle autant de la Shanarah actuelle, sa crise d'identité, que de celle du passé. Il révèle en effet comment, dans quelles circonstances, elle est devenue la Grande Déesse d'un Empire. Et surtout pourquoi. Un chapitre qui a nécessité beaucoup de travail.
J'espère que tous les autres ne seront pas de la même trempe niveau intensité et temps de boulot. Mais je sais que d'autres sont aussi voire plus énormes et qu'ils vont me demander beaucoup de travail. Certains auteurs ont la chance de réussir à faire des premiers jets qui les satisfont. Ce n'est plus tellement mon cas et je dirai même que plus ça va et moins mes premiers jets me plaisent. Je ne me contente pas de modifier une phrase ou deux, de changer une idée ou deux. J'ai réécrit 90 à 95% du chapitre. J'ai gardé les idées, mais j'ai modifié quasiment toutes les phrases. C'est un sacré boulot car ce n'est plus de l'inspiration brute à ce moment-là, vu que les idées sont déjà là et qu'elles me plaisent. (Même si certaines choses ont changé et d'autres ont carrément été inversées.) Mais il faut repenser toutes les phrases, parfois les enchaînements. Un travail que je trouve vraiment long et très épuisant, bien plus que l'écriture brute car là, on se laisse simplement porter par nos idées et ça avance presque tout seul pour peu qu'on soit dedans et inspiré. Mais ici, ça demande plus de temps, de recul, de réflexion. Que j'aimerai que mes premiers jets soient presque prêts !
Mais retravailler, malgré son côté exténuant, est aussi très plaisant, car cela permet d'approfondir vraiment des passages, des idées, de les rendre plus prenant, meilleurs par le développement. Je suis satisfait. Et j'espère réussir à enchaîner les choses plus tard.
Et vu ma propension à augmenter le nombre de mots et surtout de page par chapitre, on va plus trop se leurrer, je ne tiendrais sûrement pas mon idée de faire Succube en seulement 2 tomes. Il faudra sûrement que je coupe le second tome en deux, pour des raisons de taille et de budget. Changer ça en trois tomes ? Ou préciser que le tome 2 est un seul coupé en deux parties ? On verra. Selon ma vitesse, on verra si je termine les 41 chapitres en amont ou si je décide d'un moment que je considère adapté pour stopper. Tout dépendra aussi de si je trouve ce fameux moment.
Quelqu'un sur Twitter m'a dit que de son côté, il avait viré plus de 200 pages d'un roman. Pour le moment, je doute y parvenir. Mais on verra peut-être ce qu'en penseront les personnes qui feront la bêta-lecture, en temps et en heure, si elles estiment que couper est nécessaire.
A voir !
Je note, avec regret, que je ne pourrai pas tenir mes projets 2020, car j'ai déjà échoué. Je voulais faire un chapitre par mois sur ma fiction Star Wars. Février est terminé et ce mois qui vient de s'écouler, comme le précédent, n'aura pas vu mes doigts danser à un rythme effréné sur les musiques entêtantes, entraînantes et inspirantes de cette saga que j'affectionne. J'espère pouvoir me rattraper en mars, car je ne veux pas encore laisser passer des années avant de poursuivre.
Cinéma
Birds of Prey
Ou plutôt l'histoire de Harley Quinn. J'aime bien ce personnage et j'aime bien Margot Robbie. Donc, malgré des retours en dents de scie, j'ai envie d'aller le voir, je ne sais pas si je trouverai le temps.
Certains crachent sur le film, notamment ceux ayant détesté Suicide Squad d'autres disent que sans être transcendant il est pas mal. Pour ma part, je sais que Suicide Squad ne m'avait pas dérangé. Peut-être parce que je ne suis pas un grand connaisseur de l'univers DC. Sans dire que c'était un bon film, je le trouvais moyen, correct quoi. Un divertissement pur pour reposer le cerveau. Donc, ouais, je suis curieux de ce film.
Vous l'avez vu de votre côté ?
Star Wars
Mon premier avis-cinéma est enfin sorti ! Plus d'une heure et demie mesurée par le blog pour sa lecture ! Et forcément, le poste est complètement boudé. Un bide, un four total. C'est, je dois bien l'admettre, décevant, surtout vu le temps passé dessus, des jours entiers, sans exagération aucune. J'ai beaucoup bossé dessus, développé nombre d'arguments, et en le relisant, je relève des fautes ou des passages qui donnent l'impression qu'il y a eu un problème et qu'il manque une phrase. Mais je ne vais pas y toucher malgré mon amour du travail bien fait de peur que le blog ne m'efface le tout tant il bug vu la longueur de l'article. <A encore en travers de la gorge un Jeuditou effacé par le dit blog quand il a voulu y retoucher en relevant une faute juste après sa publication>
Je me rends compte aussi que je suis parfois peut-être un peu agressif. Mais non voyons, c'est de la passion. (Et le film est tellement pas bon et insultant envers ceux qui le regardent il faut dire... x))
Je suis un peu attristé et pourtant pas surpris, qu'il ne soit pas lu. Je ne m'attends pas vraiment à ce qu'il le soit d'ailleurs. Trop long, peut-être pas assez pertinent, intéressant.
ça ne m'empêchera pas de sortir celui sur le film IX, qui est tout aussi long avant relectures et corrections (car oui, même dans les avis du blog, je fais comme ça, j'augmente la taille en revenant dessus après avoir laissé refroidir.) Encore des jours de boulot en perspective pour... rien. Mais c'est mon plaisir. Il sortira, que le premier soit lu ou non. Même si bien sûr, je préférerai qu'ils le soient tous les deux.
Cela étant, si je ne suis pas lu, il faudra que je retravaille le format, que je le modifie pour qu'il ait un intérêt.
Des idées ? En dehors de réduire la taille, qui me paraît une évidence sur laquelle je ne peux pas forcément faire grand chose. Hormis retirer une partie du déroulé qui n'a pas forcément toujours d'intérêt peut-être.
Vous êtes prévenu, un autre article verra le jour dans quelques semaines pour conclure en beauté cette immense saga !
Divers
Cette année, pour la St Valentin, je n'ai pas fait comme l'année dernière. Rappelez-vous, l'année dernière, après que ma compagne m'ait dit encore une fois : Je ne veux rien, j'avais finalement décidé de l'écouter et de ne rien lui offrir, ce à quoi elle avait réagi avec un regard pouvant prêter à confusion avant de me dire : Bah tu vois, c'était pas si compliqué !
Aujourd'hui encore, je ne suis sûr de rien à ce sujet, ai-je bien fait ? Je suppose que oui ?
Cette année, je ne l'ai pas écouté. Elle a compris, en se renseignant sur mes finances, qu'il y avait un trou dans mes capacités financières du mois, et en a donc déduit, vu que je ne m'étais rien acheté, que c'était un cadeau à son intention pour ce 14 février. Elle m'a traité de plusieurs noms différents en insistant que j'étais chiant et que je devrais être content d'avoir une compagne qui ne veut rien comme cadeau et pas que je dévalise les magasins. J'ai bien évidemment rien répondu et attendu le jour J pour lui offrir son cadeau... Des chocolats à manger à deux.
Et je crois que j'ai fait mouche, car je n'ai pas eu de redîtes du : T'es chiant !
Bon, par contre, les chocolats, c'est surtout notre fille qui se les ai enfilé, pas parce qu'ils ne nous plaisaient pas, mais parce qu'elle en réclamait tout le temps et donc a fini par avoir presque la moitié de la boîte pour elle.
Mais j'ai fait mouche ! Et je suis très content de moi pour le coup. Et c'est une bonne découverte d'entreprise faisant des chocolats.
Nous avons profité des vacances qui viennent de se terminer la semaine dernière pour faire un petit tour à Village Nature, près de Disney et notamment à la piscine. Et pour l'occasion, j'ai acheté une paire de lunette de piscine ! Et ma compagne a fait la gueule, car d'après elle, je passe mon temps à en regarder quand nous allons au magasin et à vouloir en acheter quand je le fais pas carrément ! Ce à quoi je me suis inscris bien entendu en faux, oui je regarde, mais les lunettes que j'avais, je les traînais depuis un moment quand même !
Qu'à cela ne tienne, en fouillant dans notre placard, madame a trouvé... d'autres paires, jamais utilisées, au nombre de 2.
J'ai donc fait preuve du plus grand des courages !
"Tu as avoué ?"
De quoi ? Non, je suis parti en sifflotant, l'air de rien voyons. Je suis peut-être courageux, mais pas suicidaire. ça se voit que vous la connaissez pas, z'êtes fous vous...
Il faut savoir que pendant ces vacances, notre fille a trouvé de bon ton... de peu dormir. Malgré les heures de coucher tardifs parfois, elle dormait mal la nuit, se réveillait tôt, très tôt... trop tôt, le matin (avant l'heure de l'école d'habitude...) et sortait de sa chambre (ce qu'elle voulait jamais faire avant toute seule !),venait dans la nôtre et faisait du bruit pour nous réveiller ! Pendant les vacances !
Et du coup, comme elle était fatiguée, elle faisait des énormes siestes, qui nous ont obligé à la réveiller, ce qui rendait mademoiselle grognon et ça faisait, non pas de chocapics, mais des journées catastrophiques, de cris, de pleurs, de crises... Les bonnes vacances !
Et depuis le retour à l'école ? Même si parfois elle se réveille encore en pleine nuit, nous obligeant à aller la voir, elle ne se lève plus le matin, même si elle est réveillée et se repose dans son lit, voire tente de se rendormir jusqu'à ce qu'on la lève. Et fait moins de crises.
Elle préfère donc l'école aux vacances, c'est un monstre ! x)
Après des années de loyaux services, puis d'autres à dormir dans mon garage, je me suis enfin décidé à mettre en vente ma petite moto, une Yamaha TZR50.
Qui a, je l'admets, connu des jours meilleurs. J'ai une personne intéressée par l'engin, qui viendra ce dimanche la voir et l'essayer. En espérant que cela se conclura par une vente. Elle roule, même s'il y a du travail dessus. J'ai fait des chutes, deux, en période hivernale surtout, qui ont abîmé le carénage.
Au cas où, je vous met un lien, si ça se fini par par une vente et que ça vous intéresse... https://www.lacentrale.fr/moto-occasion-annonce-66101137831.html
Et là, sachez que pendant que j'écris ce Jeuditou, j'ai Madame qui s'est mise derrière moi en disant que je mentais car j'ai parlé de chutes hivernale alors qu'une autre a eu lieu en période non hivernale. Vala, comme ça, z'êtes au courant... Et elle m'empêche d'écrire , parce que ça me stresse ! Comme avoir quelqu'un qui lit par-dessus votre épaule ! Ce qu'elle fait en fait... Heureusement que j'ai terminé...
Une petite dernière pour la route ? (J'avais pourtant terminé, ouin !) Vous vous demandez peut-être pourquoi ce Jeuditou sort à 18h50 un Vendredi alors que je suis dessus depuis 15h30 ? Pour le jour de la semaine, c'est tout simplement un souci de gestion du temps et la volonté de finir le chapitre 12 avant de faire le Jeuditou qui en a décalé l'écriture et la sortie. Et concernant l'heure, à 16h30, c'est la sortie de l'école et nous sommes donc allés chercher notre fille. Sa mère a décidé de nous faire faire le tour des sites d'entretiens de voiture du secteur pour gonfler ses pneus, puis nous sommes allés nous perdre un moment dans un centre commercial pour que la petite se défoule dans une zone de jeu. Et c'est là que nous avons eu la très agréable surprise de nous faire aborder en chaîne par des personnes travaillant aux restos du cœur. Comme ils étaient à côté de la zone de jeu, que nous nous déplacions dans la zone alentour, ils nous ont sauté dessus à chaque fois qu'ils nous voyaient pour nous demander de souscrire à une sorte de forfait mensuel de don pour l'association. De minimum 12€, mais déductible à 75% des impôts. Si on donne 12€ par mois, soit on abandonne des choses, soit on va réclamer de la bouffe au resto. Ce que nous ne pouvons nous permettre donc. A la quatrième fois, j'ai limite envoyé chier l'un des mecs d'ailleurs. La cause est noble, mais au bout d'un moment, juste stop. Qui plus est, ils font du forcing en nous disant par exemple, alors que la petite pleurait dans les bras de sa mère, qu'elle se calmerait si on faisait le don. Mais on vous emmerde...
Les restos du cœur, j'adhère totalement à l'idée et quand on peut, on donne des denrées alimentaires durant leurs campagnes. Mais là, c'était juste horrible. Est-ce à cause de la suppression de l'ISF qui fait que les dons aux associations ont drastiquement diminués qui amène cette association à faire ça ? Je me pose la question car c'était bien la première fois que je voyais ce genre de procéder de leur part. Mais il m'apparaît que les restos du cœur sont devenus une impasse, hélas. La paupérisation augmente, la pauvreté croît, les demandes aux restos aussi... Ils sont devenus une caution d'un système qui appauvrit la population. Sans eux, ça serait pire, mais avec eux, ça ne s'améliore pas. Et les pouvoirs publics d'un État qui se désengage de tout en profitent en faisant peser sur les restos ce qu'ils se refusent à faire, faisant de cette association, comme d'autres, une variable d'ajustement de leurs politiques mortifères, néo-libérales et qui paupérisent plus encore les gens. Les restos sont presque devenu une caution... Et c'est tragique... Ce Jeuditou se finit sur une note un peu amère, vous m'en voyez navré. C'était tout pour ̶c̶e̶t̶t̶e̶ ̶s̶e̶m̶a̶i̶n̶e̶ ce mois. Et vous ? Racontez-moi ça en commentaire et je vous dis à la prochaine !
Et voici l'extrait promis ;) Voici... la transformation de Shanarah en une Déesse !
Bonne lecture !
Extrait
Des bruits sourds retentirent dans mon rêve. Insistants, je pris conscience qu’ils n’y étaient pas à leur place, étrangers et extérieurs à mon songe et ouvris les yeux. Désorientée, je laissai mon regard parcourir la pièce, m’attardant sur l’homme qui dormait dans mon lit. Mon agresseur. Je m’étais assoupie sur une chaise, veillant sur lui. J’étais parfois très conne.
Plusieurs heures avaient été nécessaires pour stabiliser mon invité. Les dégâts que je lui avais causé avaient été particulièrement nombreux et je n’étais pas certaine d’être parvenue à tous les résorber et encore moins à tous les guérir. Il garderait très certainement des séquelles à vie.
De nouveaux sons, partiellement étouffés, se firent entendre, chassant les dernières brumes du sommeil. Je me redressai avec un grognement, les sens en alerte. On aurait dit que quelque chose grattait… Je percevais un mélange de craquements et de crépitements qui allaient crescendo. En ouvrant la porte, une odeur âcre vint titiller mes narines et me donna la nausée. De la fumée stagnait dans mon entrée et des éclats de lumière jaunâtre dansaient sous le pas du battant. Les sons étaient plus forts à mesure que je m’approchais, auxquels s’ajoutaient des cris dont je ne parvenais à comprendre le sens mais qui ne faisaient guère de doute sur leur origine. Une foule… une foule en colère juste devant chez moi.
La fumée s’épaississait, rendant l’air irrespirable et me forçant à rebrousser chemin. Une foule en colère était là et elle brûlait ma maison ! Je retournai dans ma chambre, regardant l’homme assoupi avec un grognement. À cause de cet abruti, je me retrouvais dans de sales draps ! Bordel !
Je pris une inspiration, me forçai au calme. En m’ouvrant à l’énergie magique environnante, je pus ressentir la présence des humains, disséminés tout autour de ma maison. Je ‘voyais’ les ondes produites par les coups réguliers qu’ils donnaient sur mes murs, sans parvenir à les érafler. J’avais pris soin de protéger par magie toute ma maison. Leur rage était palpable et m’attaquait, agressait mes sens. Fort heureusement, ils étaient incapables de parvenir jusqu’à moi. Pour le moment. Hélas, cela ne durerait pas. Déjà le feu rongeait la porte de bois, léchait la charpente. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’il n’arrive à réellement embraser le tout. Je grimaçai, clairement pas décidée à finir brûlée vive. D’où venait cette foule ? Et pourquoi ? Était-elle là à cause de cet homme ? Ou bien… Se pouvait-il que… Clarence ? Je frémis sans pouvoir m’en empêcher. Bien sûr… Ça ne pouvait être que lui… Le sournois… De nouveaux craquements retentirent. Il était temps pour moi de m’éclipser.
- Et tant pis pour toi. (lâchai-je à l’envolée.)
Ma bonté avait ses limites. Je me détournais de l’homme pour entrer dans ma buanderie et apposai ma main sur le sol en concentrant mon énergie. La terre se mit à briller puis s’effondra sur elle-même dans un cercle quasi parfait. Je me laissai glisser dans le trou et parcourais d’un pas lent la cavité que j’avais creusé en prévision d’un évènement tel que celui-là, bien qu’il ne me serait jamais venu à l’idée que cela soit à cause de mon apprenti. Ce petit morveux me le paierait… un jour ou l’autre.
Je m’extirpai hors de la galerie et le vent frais fouetta mon visage humide de sueur. Je pris une inspiration silencieuse, savourant. Je me redressai, lançai quelques regards alentours avant de m’éloigner à pas feutrés. Les humains étaient occupés autour de ma maison. Il me serait facile de m’enfuir.
Je n’avais pas fait plus de dix mètres que quelque chose pénétra dans mon champ de vision, me prenant par surprise.
- Pas si vite… (fit une voix.)
Eh merd…
L’inconnu souffla dans sa main et un nuage de poussière s’en échappa, enlaçant mon visage. Temporairement aveuglée, je reculai d’un pas. Rapidement, je sentis une démangeaison dans mon nez et une quinte de toux s’empara de moi, si forte que je fini à genoux. La tête se mit à me tourner et j’eus la désagréable sensation que le sol lui-même tanguait sous mes mains. Je crachai, peinant à reprendre mon souffle. Ma gorge était en feu. Des éclats de voix me parvinrent, mais je fus bien incapable d’en comprendre le sens ou de déterminer leur origine. J’essayai tant bien que mal de reprendre le dessus et de contrôler ma respiration quand des mains agrippèrent mes bras, me tirant en arrière.
- On la tient ! (s’exclama une voix bourrue.)
Je sentis qu’on me traînais en arrière. La nuit étoilée emplit mon champ de vision et je tentai mollement de me débattre entre deux quintes de toux, mais j’étais si groggy que mes ravisseurs ne semblèrent guère le remarquer. On me jeta finalement au sol et mon visage cogna contre la terre. Je n’eus pas le temps de reprendre mon souffle qu’on me tirait les bras en arrière, si forts qu’un grognement s’échappa de mes lèvres et m’obligea à me redresser sur mes genoux. La pression exercée par leur prise était si grande que j’entendais mes os racler dans mes épaules. La douleur était telle que mes yeux se remplirent de larmes. Mes bras pouvaient se briser à tout instant. Je gémis avant d’être prise d’une nouvelle quinte de toux qui intensifia plus encore mon affliction, m’arrachant un cri étranglé. J’inspirai par à-coup, tremblante. Les effets de la poussière commençaient à se dissiper petit à petit et ma vue me revenait dans le même temps. J’en profitai pour tenter d’évaluer ma situation, perdant mon regard sur la foule qui me faisait face. Ils étaient plusieurs dizaines, manifestement armés d’outils. Un homme, à quelque pas devant moi, me tournait le dos, parlant à la foule avec de grands gestes. Certainement leur chef, supputai-je.
- Masquez ses yeux ou elle nous tuera tous. (fit une voix assurée.)
J’ignorai d’où elle provenait, mais son conseil fut entendu. Des mains calleuses glissèrent sur mon visage, raclant contre mes joues alors qu’un tissu était plaqué contre mes yeux pour m’aveugler, noué derrière ma tête en serrant tant que mon crâne en fut comprimé. Je gémis de nouveau. Alors voilà… Ce que je craignais était en train d’arriver… Privée de ma vue, mes sens magiques se décuplèrent et la haine des humains m’assaillit de toute part, lacérant mon esprit, parasitant mes pensées.
- La voici, frères et sœurs ! Voici la créature qui apporte mort et désolation dans son sillage, qui a choisi notre région pour perpétrer ses infamies ! Combien d’entre vous ont perdu un mari, une sœur ou un enfant à cause de ses déchaînements de fureur ?! Combien de victimes en quelques jours à peine ? Des corps mutilés abandonnés par dizaines dans nos rues, parfois méconnaissable ! Mais toujours avec la même signature perfide, cette odieuse provocation à notre attention ! Seul un mage pourrait faire ce genre de choses !
Des corps mutilés, par dizaines ? Une signature… Mais de quoi parlait-il ? Mes proies avaient-elles toutes finies par succomber, elles-aussi ? Je frémis à cette idée, entre deux vagues de douleurs quand quelque chose se plaqua contre mon menton, claquant contre la peau, et me força à relever la tête. Les gorilles qui me maintenaient ne desserrèrent pas leur prise et je me retrouvai à forcer davantage sur mes épaules, accentuant plus encore la tension dans mes bras. C’était un miracle qu’ils n’aient pas cédés vu ma position ! Et mon crâne qui me donnait l’impression d’être enserré dans un étau n’arrangeait rien. J’obtempérai malgré moi, lâchant des grognements que je ne parvenais plus à contenir.
- Les créatures de ton genre ne sont qu’abominations… (me dit leur chef tout bas.) Ça fait mal, n’est-ce pas ? Ce n’est rien à côté de ce qui t’attends…
Je ne répondis rien, les dents serrées. Je refusais d’implorer pitié ou de montrer ma douleur à cet individu. Les gorilles tirèrent soudain mes bras encore davantage en arrière. La douleur fut si forte que je ne pus retenir un hurlement. J’avais l’impression que mes membres étaient sur le point de se disloquer et j’entendais leurs rires gras autour de moi.
- À mort ! À mort ! (scanda la foule avec virulence.)
- Les mages devraient être noyés à la naissance. (continua leur chef.)
Je perçu une agitation soudaine, quelques sons étouffés, des mots échangés au loin.
- Pourquoi ?! (hurla un inconnu.)
D’autres sons me parvinrent, plus forts, plus proches, comme une bousculade. Des doigts enserrèrent ma bouche avec force, la tordant.
- Pourquoi m’avoir volé ma fille ?! Que vous avait-elle fait pour que vous la dépeciez ?! Dites-le moi !
L’haleine fétide de l’homme me fila une nausée qui s’accrut quand des postillons constellèrent mes lèvres et mes joues suite à ses cris. Je n’arrivai guère à penser, noyée dans cette douleur constante qui menaçait de me faire perdre connaissance. Il me fallait toute la force de ma volonté pour demeurer pleinement consciente. J’entendis les propos de cet homme, mais n’en saisi pas l’entièreté.
- Je… ne sais pas… (marmonnai-je.)
Il appuya encore plus fort sur mes joues.
- Vous avez arraché son cœur, sorcière ! Pourquoi ?!
De nouveaux bruits s’élevèrent, de lutte, et la pression sur mes joues disparues. J’aurai aimé que cela me soulage, mais il n’en fut rien. Je manquai tomber en avant avant d’être stoppée net par mes bras, toujours fermement maintenus, qui m’arrachèrent de nouveaux cris de douleurs.
Rien de tout ceci n’avait de sens. Rien. Je ne comprenais pas de quoi il me parlait. Lui et les autres. Des crimes avaient été réalisés, et j’étais désignée coupable. Clarence, qu’est-ce que tu as fait ?
- De combien d’âmes innocentes t’es-tu emparée, monstre ? (gronda le chef.) Combien servent à nourrir ton pouvoir impie ?!
La foule tapait du pied, continuant de demander ma mort, faisant un boucan de tous les diables.
- Je ne sais pas de quoi vous parlez ! (lâchai-je dans un grognement.)
- Il n’y a que la perfidie et le mensonge qui sortent de ta bouche ! Nous crois-tu aussi idiots, mage ? Nous avons vu tes victimes, abandonnés dans les rues pour nous terroriser, chacun de tes passages marqués de la même façon ! Sans lui, tu aurais pu nous berner, mais nous savons ce qu’il en est, répugnante engeance !
- Marqués ?
- Ce ‘S’ gravé dans leur cou, entouré d’un bout de tissu qui ne peut appartenir qu’à un mage. Aucun de nous ne met ce genre d’artifices !
Cela répondait à mon interrogation sur mes vêtements disparus. Clarence, car je n’avais aucun doute sur le fait qu’il soit responsable de tout cela, me les avait dérobés et s’en était servi pour pointer dans ma direction. Salopard !
- Je n’y suis pour rien ! Vous croyez vraiment que je serai assez bête pour marquer mes crimes et tracer une route jusqu’à moi ? C’est mon apprenti qui est responsable ! Il vous manipule !
Les éclats de la foule se calmèrent, remplacés par des murmures. Je les devinais en train d’échanger, leur haine laissant place, au moins partiellement, au doute.
- Ne l’écoutez pas, mes amis. Elle cherche à vous embrouiller l’esprit, à vous retourner le cerveau. Chacun de ses mots peut-être un poison mortel. Elle vit parmi-vous, se cache, fait soit-disant preuve de générosité avec les services qu’elle dit vous offrir. Mais la réalité est tout autre et vous le savez. Ses prix sont si bas pour une bonne raison. Vous êtes ses proies, tous autant que vous êtes. Elle vous prend vos femmes, vos maris, vos enfants pour se dédommager. Et continuera tant que vous n’y mettrez pas un terme.
Cette voix, c’était Clarence, je n’avais aucun doute à ce sujet.
- Clarence, espèce de…
Une douleur cuisante embrasa ma joue quand ma tête parti sur le côté. Un craquement suivi, vrillant mes tympans et je hurlai à m’en décrocher la mâchoire. Mon bras gauche venait de se briser ! Bordel, la douleur était intenable ! Putain d’enfoirés…
- J’ai peut-être un peu trop échauffé les esprits, je l’admets. (chuchota Clarence à mon oreille.) C’est vous qui avez inspiré tout ça, Maîtresse. Il le fallait.
Je peinais à entendre ce qu’il me disait, tant la douleur dans mon épaule était horrible et me rendait exsangue.
- Pou… pourquoi ? (parvins-je à bredouiller.)
- Il fallait que vous voyez, que vous compreniez. Jamais ils ne vous accepteront. Un être tel que vous ne devrait pas avoir à se cacher.
- Ils vont me tuer… par ta faute…
Il ne dit rien, mais je perçus le soupir qui accompagna son sourire et frémis.
- Châtions la bête, le démon ! (hurla la foule.)
Je tremblai. De désespoir. De douleur. De rage. Voilà comment j’allai finir ? Tuée par des misérables qui ne comprenaient rien à rien, qui avait été manipulés par un dément ? J’avais fait de mon mieux pour m’intégrer, ne pas faire de vagues, ne me nourrissant que lorsque c’était nécessaire, sans ôter la vie, hormis une fois ou deux. En échange, comme pour expier, je leur offrais mes services, parfois sans rien demander en retour, me donnant corps et âme dans des tâches ingrates et indignes. Des tâches qui me pompaient mon énergie et m’obligeaient à me sustenter plus régulièrement que nécessaire. Et voilà le remerciement que j’avais… Ces imbéciles de pécores détestaient les mages, quoi qu’il advienne ! Il ne leur fallait qu’un prétexte pour lyncher, châtier. Je gémis quand mon corps se mit à trembler avec plus de forces et qu’un grondement retentit dans ma cage thoracique.
Ils voulaient me tuer pour le simple fait d’être différente, comme si j’étais fautive d’être née ainsi ! Et maintenant, j’étais à leur merci… Voilà à quoi menait d’avoir une âme, de faire des efforts… Je ne pouvais plus le tolérer, tolérer leur morgue, cette vie…
Le grondement gagna en intensité, comme provenant des tréfonds de mon corps.
Je ne pouvais plus le supporter ! J’aurai dû tous les mettre à genoux !
- C’EN EST ASSEZ !
Mon cri fit taire tout le monde, ne laissant que le silence et mes gémissements de douleurs. Le poing de mon bras valide se serra jusqu’au sang et mes mâchoires se contractèrent. Je sentais mon dos qui ondulait fortement, tout comme mes cheveux tandis qu’une aura magique enlaçait mon corps sans que je ne l’ai invoqué. Elle était puissante, agressive… exaltante. Elle était là, cherchant à sortir, à se déchaîner…
- Vous allez… me le payer… (dis-je, laissant le grondement jaillir de mes lèvres.)
Mon dos se déchira et je sentis mes ailes qui se déployèrent alors que mon corps entier se transformait pour me faire devenir la créature. D’un simple coup de mes appendices, je me débarrassais des colosses qui me tenaient et me redressai de toute ma taille, ma queue giflant l’air autour de moi. J’arrachai le bandeau qui m’aveuglait, laissant l’éclat orangé de mes yeux embraser l’obscurité de la nuit, posant un regard mauvais sur les humains réunis autour de moi. Je pus voir l’effroi que leur inspirai ma forme, qui les glaçaient jusqu’aux os. Loin de m’affoler, cette constatation me donna des frissons qui n’étaient pas pour me déplaire. Ils étaient tous figés devant moi, terrifié par ma beauté et ma grandeur. Presque tous. Je le voyais s’éloigner parmi la foule et perçu dans le même temps un mouvement sur ma droite. Mon bras se tendit pour attraper le fou qui osait s’en prendre à moi, enserrant mes doigts autour de sa gorge et réveillant pas la même occasion la douleur dans mon membre brisé.
- Un petit casse-croûte, offert avant tant de ferveur, comment résister…
Mes lèvres s’aplatirent contre celles du chef de cette bande d’ahuris tandis que je broyais sa trachée, m’ouvrant ainsi son esprit sans effort. Son énergie se déversa en moi, s’insinuant dans mes tissus et les régénérant. Mes os s’animèrent, se ressoudèrent et mon bras se remit en place, me libérant de l’affliction qu’il m’infligeait. Les colosses qui m’avaient maintenus se jetèrent sur moi et je les accueillis de mes ailes sur lesquelles ils s’empalèrent. L’homme lâcha un râle quand je m’en écartais après avoir collecté la totalité de son énergie, ne laissant qu’une carcasse à peine reconnaissable. J’ouvris la main, laissant le corps tomber au sol. Des hurlements suivirent et la panique toucha la foule qui se scinda pour fuir. Je les regardais détaler avec une satisfaction certaine. Mais je n’étais pas encore rassasiée, par calmée, pas décidée à pardonner. Je n’avais qu’une seule idée en tête… la vengeance. Je me débarrassai des deux morts accrochés à mes appendices avant de me ruer en avant. Mes mains se refermèrent sur une femme dont je volais l’énergie avant de bondir sur quelqu’un d’autre, laissant libre cours à ma soif, à l’exaltation qui en naissait, s’y abreuvait. Bientôt, le chaos pulsa autour de moi, traversant mon corps par vagues qui me donnaient des frissons et accroissaient mes passions ! J’étais forte… puissante ! Et ils n’étaient rien ! Rien d’autre que de vulgaires proies dont je me repaissais ! Je pouvais faire d’eux ce que je voulais. Tout ce que je voulais. Rien n’était en mesure de m’arrêter. Je me léchai les lèvres, mon excitation grandissante.
La foule continuait de s’éloigner en hurlant. Et dans l’anarchie de leur fuite effrénée, certains se réunirent, armés de bâtons ou autres objets acérés. Malgré la peur qui rendait leurs genoux tremblants, ils s’avancèrent à ma rencontre, passant sur les corps que j’avais laissé sur mon passage.
- Monstre ! Tu vas mourir ! (hurla l’un d’entre eux en me chargeant.)
Les autres mirent un instant avant de comprendre son geste, de s’y joindre. Mais c’était trop tard. Ma queue fouetta l’air et ses bras, le déchargeant de son arme avant de s’enrouler autour de sa gorge. Je le soulevai et le plaçai sur la route de ses camarades, usant de son corps comme un bouclier avant de m’en débarrasser. Puis, d’une main je libérai des éclairs, de l’autre des torrents de flammes, apportant chaos, mort et désolation à ces pitoyables humains. Leurs cris de douleur flattèrent mes oreilles. Bientôt, il n’y eut plus personne en vie parmi mes opposants. La débandade se poursuivait, les lâches essayant de rentrer chez eux pour profiter de la sûreté relative de leur foyer. Quels imbéciles… Comme si cela pouvait les sauver de mon courroux, les épargner de ma présence, de ma puissance ! Je pris une inspiration, concentrant ma magie dans mes poumons quand une douleur sourde naquit dans mon dos, me tétanisant avant de me transpercer et de perforer mon thorax. Tremblante, un hoquet au bord des lèvres, je regardai avec stupeur, horreur, cette hampe ensanglantée qui ressortait entre mes seins. Du sang… Mon sang… Je toussai et le liquide écarlate s’invita dans ma bouche, moussa à mes lèvres. Un spasme me secoua, de peur et de douleur. J’avais mal… si… mal… D’autres spasmes me traversèrent, parcourant mes mains dont je perdais peu à peu le contrôle. Paniquée, j’arrachai l’arme de mes chairs en hurlant, manquant m’écrouler sous l’affliction qui me traversait de part en part, par à coup et me rendait haletante. Je fis un pas. La tête me tournait, mes jambes étaient de coton, ma vision se brouillait. Et cette douleur qui me déchirait à chaque inspiration faiblarde. Alors donc, ils avaient réussi… le monstre allait mourir. Je sentais l’étreinte glacée de la mort sur mon épaule alors que mon sang se déversait le long de mes plaies béantes pour recouvrir mon épiderme de sa couleur écarlate. Je déglutis et considérai l’arme de fortune qui serait responsable de ma mort… et serrais le poing, brisant le bois avant de faire volte-face. L’homme qui m’avait attaqué recula en tremblant des pieds à la tête, terrifié. Je rassemblais les dernières forces qu’il me restait en avançant vers lui, le visage déformé par la rage.
- Ce… c’est… impossible…
Je n’écoutais pas ce qu’il me disait. Une seule chose comptait en cet instant, le faire payer ! Je levai les mains vers lui et ses pieds quittèrent le sol tandis qu’il s’élevait dans les airs, gesticulant, paniqué. Ma magie fit vibrer l’air entre nous, qui commença à onduler d’abord doucement puis furieusement. Je fermai les poings et son corps se mit à gonfler à une vitesse folle ! L’homme gémit avant de laisser échapper des sons gutturaux et écœurant. Sa peau se mit à peler puis se perça à plusieurs endroits sous la pression et un liquide jaunâtre suinta des plaies avant que son sang ne se mette à couler à gros bouillons. Il hurla, se débattant avec désespoir. Ses yeux, bouffis et injectés de sang, virèrent au rouge et s’échappèrent de leur orbite avec un bruit spongieux. Ses lèvres se craquelèrent avant d’éclater, ses membres se contorsionnèrent et se brisèrent dans des craquements horribles cependant qu’il continuait de gonfler, et gonfler, et gonfler jusqu’à exploser, envoyant viscères et gerbes vermeilles dans toutes les directions. Je considérai les restes de l’homme avec une moue écœurée, le goût de la bile se mélangeant à celui du sang dans ma bouche et le laissai tomber avec lassitude, la douleur dans ma poitrine s’accentuant et me faisant tousser. Je reculai jusqu’à un rocher sur lequel je me laissai choir, mon regard se perdant parmi les joyaux argentés que composaient cette nuit étoilée. Je sentis un certain apaisement s’emparer de moi à cette vue et me surpris à me détendre. Ce n’était pas la pire des vues…
Je fermai les yeux quand des claquements retentirent près de moi et m’obligèrent à me redresser tant ils étaient secs et agressifs à mes oreilles. Je tournai la tête pour voir Clarence, qui venait vers moi avec un sourire aux lèvres.
- Tout simplement splendide, Maîtresse.
Je le considérai d’un air mauvais. Il venait me provoquer, se pavaner ? Vraiment ? Quel petit merdeux ! Il se croyait en sécurité maintenant que je m’éteignais, ma vie s’écoulant par cette blessure écarlate ? Non, pas encore… je n’étais pas encore morte ! Je me redressai avec une grimace, le toisant d’un air mauvais et il s’inclina, mettant un genou en terre.
- Je suis prêt à recevoir vos leçons. (dit-il.)
Je me levai et couvris la distance nous séparant en quelques pas, prouesse vu mon état, avant de l’attraper par la gorge.
- La seule et unique leçon que je vais te donner sera une morte lente et douloureuse ! Crois-moi, je ne mourrai pas seule !
- M-mourir ? (hoqueta-t-il dans un sifflement.)
Ses yeux quittèrent les miens pour se poser sur ma poitrine avant de revenir à moi.
- Maîtresse… votre blessure…
Ses mots ne me parvenaient que difficilement à travers le brouillard qui noyait mes pensées et je n’avais pas envie de l’écouter, de l’entendre. Je le soulevai à bout de bras, le visage tordu dans une grimace de haine et de douleur.
- Ma souffrance ne sera rien comparé à la tienne !
- Votre blessure, Maîtresse… !
Indécise, je coulai un regard vers ma poitrine et constatai que le sang avait séché sur ma peau, à mon grand étonnement. Cela étant, la plaie n’était pas refermée, bien qu’elle semblait moins grande, et demeurait fortement douloureuse, tiraillant mes chairs à chaque geste, chaque inspiration. Cette affliction m’affaiblissait et me rendait sourde au ton doux et apaisant de Clarence, amplifiait ma colère, ma rage. Mon regard revint vers lui et un sifflement douloureux s’échappa de mes lèvres quand j’ouvris la bouche.
- Plus de mensonges, de plans foireux, Clarence…
- Bien sûr, Maîtresse… Je ne voulais… que vous révéler…
J’étendis mes ailes et l’admiration se lut sur son visage, étouffant partiellement la douleur et l’angoisse.
- Je te le concède, tu avais raison sur un point. Me cacher était une erreur. La pire de toute… Après t’avoir pris comme apprenti.
La terreur voila son regard.
- Maîtresse… pitié… Je ne l’ai fait que pour vous, pour tous les mages…
Je serrai mes doigts, transformant sa voix en un vulgaire couinement.
- Par amour… (parvint-il à dire avant que l’air ne vienne à lui manquer.)
Ses yeux exorbités me dévisageaient avec un mélange de douleur, d’horreur et… de tendresse ?
- Et quel amour as-tu à offrir. (dis-je d’une voix mauvaise.) Ta mort seule sera une déclaration acceptable !
J’approchai ma bouche de la sienne et nos lèvres s’effleurèrent un bref instant. J’aspirai alors son essence, l’énergie magique qui habitait chaque fibre de son être, prélevant aussi bien la magie que la vie pour m’en délecter. C’était la première fois que je parvenais à un prélever sans contact physique direct de la bouche. Clarence commença à se débattre frénétiquement alors que sa force vive s’écoulait en moi, au point que la ponction en devienne délicate. Mes ailes s’animèrent alors, plongeant profondément dans sa chair au niveau des épaules et réduisant ses spasmes. Je l’entendis hoqueter et repris mon repas, délaissant sa gorge pour refermer mes mains sur son crâne. Son essence s’inscrivait dans ma chair et me revigorait et des images bientôt s’invitèrent dans mon esprit, éparses. Les crimes. Les signatures. Mes vêtements volés. La désignation faite… et la population, trop heureuse de trouver un bouc-émissaire. Il me dégoûtait ! Tous ! Et pourtant, je frémis. Frémis de bonheur, frémis d’extase ! J’avais presque oublié ce que cela faisait de ponctionner un mage, toute cette énergie, si vive, si puissante, si marquée ! Elle inondait mon corps et amenait avec elle un tel plaisir qu’une douce chaleur se manifesta bien vite dans mon bas-ventre, me rendant toute chose, tremblante, soupirante. La douleur avait disparu, remplacée par cette félicité dans laquelle je plongeais avec délice. Le flot commença malheureusement à se tarir, rendant légèrement amer les dernières fragrances et je rompis le contact pour avoir le corps desséché de mon apprenti, son regard vitreux posé sur moi. Il était à peine vivant. Je me léchai les lèvres, haletante, le corps luisant de sueur. Ses yeux jaunis et laiteux bougèrent mollement dans ses orbites, glissant vers mon décolleté, menaçant de s’en extirper et un râle s’échappa de sa bouche. Et je lui souris. Je me sentais merveilleusement bien. L’énergie irradiait de mon corps, me procurant de doux frissons. Les mages étaient un mets si savoureux, si exquis… si orgasmique !
Je suivis son regard pour découvrir que ma plaie s’était résorbée. Il n’y avait plus la moindre trace, pas même une cicatrice. La vérité se fit jour en moi alors que cette voix perçue il y a si longtemps résonnait une nouvelle fois dans mes pensées : Immortel. Et je sus, au plus profond de moi, que c’était vrai.
Oui… Voilà ce que j’étais, tant que je pouvais me nourrir. Immortelle… Un rire s’échappa de mes lèvres, un rire de pure euphorie. Je ne m’étais jamais sentie aussi bien, aussi puissante, aussi vivante ! J’avais fui qui j’étais pendant bien trop longtemps mais l’époque où je me cachais était désormais révolue ! Je me montrerai, m’accepterai au grand jour. Car voilà ce que j’étais ! Qui j’étais ! Plus une humaine ou une mage mais une créature ailée et immortelle ! Et mes proies étaient toutes trouvées !
- Admire la naissance de la seule et unique Déesse ! Désormais, tous s’inclineront devant moi, tous m’obéiront, tous nourriront mon existence et mon pouvoir pour l’éternité ! Car mon règne sera… éternel !
Je soulevai à bout d’aile la carcasse décrépie de mon apprenti, riant aux éclats avant d’écarter mes appendices. Des craquements retentirent tandis que son corps se tendait, se déformait avant de rompre, se déchirant dans un bruit écœurant. La peau s’ouvrit sur toute sa longueur et un liquide noirâtre et visqueux coula, se répandant sur le sol avec os et viscères… avant qu’ils ne se transforment en poussière.
Adieu, mon apprenti.
Je rejoignis le village d’un pas rapide et assuré, percevant encore les cris et les pleurs des mortels tandis qu’ils se calfeutraient chez eux, laissant les rues désertes. Un sourire de prédateur s’invita sur mes lèvres. Je levai les mains, concentrant la magie qui tourbillonnait dans mon corps, m’enlaçait et faisait rayonner ma peau de puissance avant de fermer les poings. Les murs s’abattirent par la seule force de ma volonté, dévoilant à mes yeux les mortels terrorisés qui tentaient d’échapper à mon courroux, à mon regard.
- Vous voilà à la place qui est la vôtre, pitoyables insectes, rampants devant moi. Vous me craignez, et à juste titre. (dis-je d’une voix forte, vibrante, amplifiée par magie.) Vous avez essayé de me tuer, mais je suis disposée à vous pardonner… Car je sais être clémente. Désormais, votre vie n’aura plus qu’un seul but : satisfaire la mienne en tout point. Et ceux qui remettront ce principe en cause mourront ! Soyez ravis, car vous voici devenus les esclaves de la seule et unique Déesse ayant jamais existé. Et dont le règne sera éternel ! »
La douleur m’arracha à mes souvenirs pour me ramener brutalement au moment présent, où je m’égosillais tant que ma gorge était en feu. Le chaos pulsait autour de moi, titillant mes narines et réveillant ma faim, s’agrippant à ma peau alors qu’Andréa continuait à me l’arracher avec force et violence ! Je me débattais avec frénésie, secouée de spasmes si importants que mes membres en fouettaient l’air de manière chaotique. J’avais si faim, si soif et la souffrance continue pour seule réponse à ma détresse. Ce lien qu’ils tentaient de briser, je le sentais, je le savais maintenant, c’était celui de mon immortalité, de la Succube. Celle que j’avais refusé d’être avant ce moment que je venais de revivre. Clarence n’avait pas créé la Succube régnante, l’entité qui avait eu son Empire, rongée par l’amertume et enivrée de pouvoir. Il n’avait fait que précipiter les choses, réveillant la part de moi qui voulait s’assumer, qui voulait surgir, mettant un terme à des décennies de lutte intérieure et refoulée. Mais je n’étais pas seulement la Succube. J’étais également l’humaine et la mage. Et si je l’avais autrefois accepté, j’en étais venu à le nier, à l’oublier. Suffisamment pour que le doute s’installe et que j’en vienne à envisager de ne plus l’être… Suffisamment pour qu’il parvienne à me convaincre et m’amener à ce moment précis. Ils essayaient de me l’arracher ! De me voler une part de moi-même. La magie d’Andréa s’était infiltrée dans mon corps, pompant le chaos, purifiant mes chairs, extirpant chaque parcelle de l’énergie immortelle qui m’habitait. Extirpant la Succube. Je pouvais presque voir ses contours se dessiner autour de moi tandis qu’on me l’arrachait et je me débattis d’autant plus fort. Ce n’était pas ce que je voulais ! Non ! NON ! La seule idée de m’en retrouver privée réveilla la rage au fond de moi et mes hurlements créèrent des ondes de puissance tout autour de moi, envoyèrent valser les objets entassés dans la cave. Je sentis la peur poindre en Dylan tandis que sa magie continuait de déferler en moi dans le but de me stabiliser, de m’immobiliser.
- Calme-toi, Shanarah ! Calme-toi ! (m’ordonna Dylan.) Tu vas rallonger inutilement la durée du rituel !
- STOP ! JE REFUSE ! JE REFUSE !
- On ne peut plus rien arrêter !
- NON ! JE NE VEUX PAS !
Je me tortillai dans tous les sens, tirant sur les liens magiques qui me reliaient à Andréa et par lesquels son sort arrachait mon immortalité. C’était plus que la douleur, que l’angoisse de la séparation. Je ne pouvais tout simplement pas y renoncer ! Elle était une partie de moi, tout comme j’étais une partie d’elle !
- Dylan… peut-être que… (commença Andréa, le doute pointant dans sa voix.)
- On va jusqu’au bout ! (la coupa-t-il.)
Je me débattis plus fortement encore, ma tête allant de gauche et de droite. C’était ce que j’étais et je l’acceptais pleinement !
- Encore un petit effort… (fit Dylan d’une voix fatiguée.)
- NON ! (hurlai-je de toute mes forces.) JAMAIS ! JE SUIS LA SUCCUBE !
Mon énergie, quasiment réduite à néant, se déchaîna dans un dernier éclat, ébranlant les fondations même de la maison et faisant trembler le sol. Des bruits de brisures retentirent, allant crescendo, suivi d’un autre plus important et pourtant étouffé, qui semblait provenir de l’étage. Malgré tout, le rituel se poursuivit. Je continuais de me débattre avec l’énergie du désespoir, animée uniquement par la rage. Puis, je me tendis, la douleur devenue insupportable tandis que le cri d’Andréa retentissait, que son emprise sur moi se faisait plus féroce.
- Ça… y est… presque… (marmonna-t-elle d’une voix éteinte, coupée par l’effort.)
Non… Non ! Je ne veux pas perdre mon identité, ce que je suis ! Je ne veux pas !
- AAAAAAAAAAHHHH ! (hurlai-je.)
Un spasme ébranla mon corps tout entier, et l’affliction explosa dans mon crâne. Je me sentis soudain faible, chavirer. Il y eut un éclair de lumière aveuglant, des cris étouffés… Puis, je rencontrai le sol et restai ainsi, sans bouger. Je voulais me lever, ouvrir les yeux. Mais j’en étais incapable. Je me sentais… sans force… vidée… brisée.
- Incroyable… (souffla Andréa d’une voix faiblarde, presque admirative.)
Ce fut la dernière chose que j’entendis avant de sombrer dans l’inconscience.
@jeysa-77 Comment que tu m'affiches ! Je suis pas tombé tant de fois x) Et plusieurs fois, c'était l'hiver, namého :p Ouais, bah au final, ils étaient relous ^^'
A vrai dire, j'ai l'impression que tu es tombé plus que 2 ou 3 fois en moto xD Dont une, où tu me suivait quand j'étais en scooter. Et l'excuse était qu'il y avait une flaque d'essence au sol invisible ( c'est moi qui rajoute le invisible, mais c'était vraiment le cas ! ) Bon j’arrête de t'afficher ;) C'est vrai que ce rond point est casse tronche. Et c'est vrai aussi que je dois rajouter des chutes. :p
Pour revenir à cette histoire de resto du cœur, je pense que c'était le groupe de personne engagé pour cet événement qui faisait mal leur travail. Tout en pensant surement qu'ils le faisaient correctement.
Et personnellement ça me donne a moitié…